Elles font bouger les lignes !

Mise à jour le 03/03/2025

Elles ont 20 ou 45 ans, et elles prennent leur place, juste et évidente. Il est loin le temps où les femmes se cantonnaient à des postes de l’ombre. Petit tour d'horizon avec des talents du territoire.

Des dessins de femmes
Elles font bouger les lignes ! - ©Freepik

Les chiffres sont têtus et les inégalités persistent, notamment dans les salaires ou les postes à responsabilité. Mais une chose est sûre : la société a changé de regard sur le potentiel des femmes, et les portes s’ouvrent toujours un peu plus aux talents féminins.

Sur le territoire, 108 530 femmes* occupaient 48 % des emplois en 2021. Une part en constante augmentation depuis plus d’un demi-siècle. 
Certes, les inégalités demeurent, avec des salaires encore inférieurs à ceux des hommes, et des secteurs d’activité qui peinent à attirer… mais ne baissent pas les bras : « Aujourd’hui, les femmes représentant environ 30 % des effectifs de l’industrie, mais seulement 23 % dans la métallurgie. Nous en avons fait une priorité, avec un plan d’action visant à voir la part des femmes augmenter de 1 % par an dans les 10 à venir. Je dirais donc : work in progress* ! », souligne Frédérique Le Drogo, déléguée générale de l’Union des industries et métiers de la métallurgie du Finistère. 
Même constat chez Clément Dagada, directeur de la formation au Campus des métiers, à Guipavas : «Les choses évoluent doucement, dans des filières comme l’automobile, l’alimentaire, l’hôtellerie et la restauration, mais les femmes y sont encore minoritaires. On continue à communiquer, parce que les métiers ont changé et sont accessibles aux femmes, mais il faudra encore du temps. »
Une évolution lente donc, mais que certaines ont déjà devancée : cheffes d’entreprises, chercheuses, ouvrières ou militaires, humanitaires… les femmes de Brest métropole mettent leur grain de sel dans l’alchimie du territoire. Et ça se voit. En ce mois de mars dédié à toutes les femmes de la terre, Sillage donne la parole à quelques-unes de celles qui, ici, font bouger les lignes !
**Source : Adeupa *travail en progression 

Sur le territoire, les femmes représentent

  • 48 %

    des emplois

  • 30 %

    des effectifs de l'industrie

François Cuillandre

Président de Brest métropole

De tout temps, les femmes ont façonné l’histoire de Brest et continuent, aujourd’hui encore, de faire bouger le territoire. Par les métiers qu’elles occupent, dans tous les domaines, et par leur implication dans la vie de la cité, notamment associative, elles participent pleinement au dynamisme et à l’avenir de notre métropole.

  • Une femme posant dans un couloir
    Anne Tanguy - ©Damien Goret
  • Une femme posant dans un jardin
    Malika Achoui - ©Elisabeth Jard
  • Deux femmes en chasuble de chantier posant dos à dos
    Lalaïna et Claudine - ©Elisabeth Jard
  • Une femme posant bras croisé dans un laboratoire
    Claire Hellio

La douceur de sa voix n’a d’égale que celle qui se dégage de ses yeux. « En toute modestie et sans féminisme particulier, glisse-t-elle, de par le poste que j’occupe actuellement, je me sens presque une responsabilité vis-à-vis des jeunes femmes : si elles peuvent s’identifier à une femme plus âgée qui occupe un poste important, ça me va. »
Depuis juin 2024, Anne Tanguy a pris la tête de la scène nationale du Quartz, « un lieu qui m’a toujours fait rêver, dans une ville que j’ai énormément connue il y a 30 ans, à l’époque où j’y faisais mes études de géo-archi ». À ce titre, elle anime une équipe de 50 salariés permanents et ne cherche rien de plus « qu’à donner une âme dans chaque recoin de cette belle maison, depuis l’accueil des spectateurs jusqu’au restaurant ». 
« Pour autant, poursuit-elle, cette volonté de tout humaniser ne doit rien au fait que je sois une femme… Je fais selon mes compétences, mes désirs, et je n’ai pas de rapport aux gens selon leur sexe : j’en ai par rapport à ce qu’ils sont. » 
Sensible et empathique, et après avoir, 13 années durant, dirigé la scène nationale de Besançon, Anne Tanguy veille donc désormais sur « cette incroyable scène qu’est Le Quartz ».
 

Il y a trois mois encore, Malika Achoui, infirmière en réanimation pédiatrique au CHU de Brest était sous les bombes, à Gaza City, dans le nord de la bande de Gaza. 
Une mission humanitaire de plus, pour cette soignante au caractère bien trempé et à l’optimisme forcené. « Vous savez, quand vous voyez ce qui se passe là-bas, dans quelle situation sont les gens, qui ont tout perdu, y compris souvent leur famille, qui vivent sous des tentes, dénutris pour la plupart, pour beaucoup blessés… Quand vous êtes là-bas, que les bombes sont lâchées toutes les nuits, que les urgences font comme elles peuvent avec des moyens dérisoires… Vous ne pouvez plus vous plaindre. Et d’autant moins que tous ceux que j’ai croisés là-bas sont tellement accueillants, heureux d’avoir, enfin, de l’aide, du soutien… Ils sont d’une telle résilience qu’ils vous transmettent leur force ! », murmure-t-elle. 
Pendant les 15 jours de mission sur place, l’infirmière a tout vécu. Les morts, les blessés, le manque d’eau, de nourriture, de médicaments, d’infrastructures… Mais depuis son retour, début janvier, Malika sait qu’elle repartira. À Gaza ou ailleurs : «Depuis toujours, j’ai cette fibre, cette envie d’aller vers les autres. C’était ma quatrième mission humanitaire, après Madagascar et le Niger », explique-t-elle dans un sourire tout simple. 
Au fond de ses yeux, le cauchemar de la guerre se lit entre les ombres. Mais Malika Achoui sait qu’elle peut chasser ces dernières, un peu, en soignant d’autres blessés, d’autres malades, ici ou ailleurs. « C’est dans ma philosophie de vie, c’est pour ça que je fais ce métier .»
 

L’une a 22 ans, l’autre 51. Une génération les sépare, mais pour le reste… Lalaïna Mbechezi et Claudine Médard, toutes deux en contrat d’alternance chez Colas, via le GEIQ BTP du Nord Finistère, sont comme des poissons dans l’eau sur le chantier du tram. 
En formation de maçon Voirie et réseaux, elles sont pourtant les deux seules femmes ouvrières sur ce chantier. Et assument leurs choix. Après une formation littéraire, Lalaïna a décidé de bifurquer radicalement : « Je voulais travailler dans le BTP, mais finalement on m’a présenté les travaux publics, et ça me va ! C’est vrai que ça peut être dur, mais j’apprends beaucoup… et puis, démarrer sur un chantier comme celui-là, ça motive forcément ! ». 
Claudine affiche le même sourire, même si l’univers des travaux publics n’est pas une nouveauté pour celle qui, « depuis toujours » a fait le choix de travailler « dans des métiers d’hommes ». Soudeuse, peintre en bâtiment, déménageuse, la dame n’a jamais manqué de peps, portée par « des métiers où pas une journée ne ressemble à l’autre, où l’ambiance est solidaire, où on apprend tous les jours ! ».
Ces femmes du tram ont trouvé toute leur place dans les équipes… et dans la ville : « Quand les passants nous voient, seules femmes au milieu du chantier, on a des encouragements, des félicitations. Alors, on n’a pas les chevilles qui enflent, mais la fierté de faire partie de cette histoire-là est réelle», poursuit Claudine. 
Quand toutes deux, des étoiles dans les yeux, pensent déjà à l’après : « Quand on prendra le tram, on aura des souvenirs de beaux moments sur toute la ligne ! »
 

Toute une vie de recherches et de passion mêlées. C’est cela qui se lit dans le regard de Claire Hellio, professeur des universités en biotechnologies marines, et directrice de la plateforme Biodimar, médaillée de l’innovation 2023 par le CNRS, pour l’ensemble de son parcours. 
Sacrée reconnaissance, pour cette femme qui ne voit que par la mer. Et en tire, pour elle-même comme pour les autres, les bénéfices et les bienfaits. Parce que Claire Hellio reste une fille de la mer, encore aujourd’hui envoûtée par ses beautés : « Enfant, je passais toutes mes vacances en voilier… Ça permet de savoir, tout de suite, qu’il faut protéger les océans ! ».
Et c’est dans ce but que, depuis 1991, elle cherche. Et trouve. « J’ai toujours travaillé dans la valorisation de la biomasse marine. Comprendre comment, par exemple, une algue se nettoie, c’est passionnant… Avec les équipe de Biodimar, nous avons travaillé sur la valorisation de la biomasse des sargasses et des algues vertes, et ça illustre les choses : la science, c’est faire des problèmes des opportunités de changement ! ». Dont acte avec la plateforme Biodimar, et l’expérimentation de peinture antifouling à base de molécules d’algues, donc non polluantes, et de nombreux développements en cours autour des cosmétiques, pour l’industrie. 
« Il faut voir le positif : les choses changent, parce que la demande des consommateurs est là, que les gens veulent des produits qui respectent l’environnement ! ». Souvent, posée sur un rocher au pied de l’IUEM, Claire Hellio plonge son regard perçant dans les eaux de la rade : « Parce que, quand on regarde la mer, on ne peut que vouloir en prendre soin. »

  • Deux femmes l'une à côté de l'autre devant un but
    Sandrine Mariot et Raphaëlle Tervel - ©Damien Goret
  • Une femme posant dans une salle de sport
    Michèle Hall
  • Une femme en uniforme en portrait vertical
    Marine Rabasté - ©Elisabeth Jard
  • Une femme posant dans un couloir
    Gaëlle Delpech-Dunoyer - ©Elisabeth Jard

Si, chaque semaine, en championnat ou en Ligue des champions, les joueuses du Brest Bretagne Handball (BBH) prennent logiquement toute la lumière, il ne faut pas oublier que, derrière la sueur versée sur les parquets, coule aussi celle de leurs deux entraîneuses. 
Natives de Besançon, où elles ont joué ensemble durant 10 ans au sein de l’entente sportive de Besançon handball avant d’en prendre les rênes pendant six années, Raphaëlle Tervel et Sandrine Mariot forment un duo d’inséparables. « Ça fait 30 ans qu’on se connaît et on a même été championnes du monde en 2003 avec l’équipe de France. » 
Un duo de choc donc, qui œuvre à la tête du BBH depuis l’été dernier, et qui « a relevé le défi proposé, dans un club à qui on donne les moyens d’atteindre des objectifs élevés». 
Venues pour le challenge sportif, les deux têtes pensantes du BBH révèlent aussi « avoir été séduites par tout le reste, entre un territoire qui concentre les conditions de la réussite à tous les niveaux, un accueil incroyable qui doit beaucoup à des habitants chaleureux, et une qualité de vie où se mêlent paysages merveilleux et facilité de déconnexion ».
Petit clin d’œil du destin, à l’heure de la parution du magazine, les deux ex-Bizantines s’apprêtent à recevoir, à Brest Arena, leur ancien club (le 19 mars à 20 heures) !

« Ma fille voulait faire de la gym, alors je l’ai inscrite ici et je l’ai accompagnée. » Voilà comment Michèle Hall a un jour poussé les portes de la section gym de la Légion Saint-Pierre, tout simplement.
Plus tard, et tout aussi simplement, la maman a pris les rênes de la section : « C’était il y a 12 ans, se souvient-elle. J’ai appris à gérer, en étant aussi très bien entourée. Car c’est tout le paradoxe : nous sommes des bénévoles à la tête d’une entreprise ! »
La section gym emploie en effet quatre salariés, alors il faut tout faire, tout connaître : le droit du travail, les horaires, la professionnalisation nécessaire des encadrants, et surtout la gestion financière, « car l’équilibre, en la matière, n’est pas garanti d’une année sur l’autre »… Or le club, « de quartier mais ambitieux », se doit de garder le cap. 
Avec ses 500 licenciés, il pilote également une section sportive, en lien avec le collège des Quatre-Moulins. Il est également et notamment labellisé “baby gym”, de sorte qu’il intervient dans les crèches, les écoles, les centres sociaux… 
Alors, pour gérer une telle machine gymnique, il faut une sacrée souplesse ! Michèle Hall n’en manque pas. En fin d’année, elle a reçu le trophée des bénévoles sportifs de l’office des sports de la ville de Brest.
 

Elle le dit tout net : « Dans la gendarmerie nationale, la place des femmes n’est plus un sujet depuis longtemps. Elles sont présentes dans tous les corps, y compris dans la gendarmerie mobile. »
Commandante de la compagnie de gendarmerie départementale de Brest depuis le 1er juillet 2024, Marine Rabasté est, à 32 ans, l’incarnation de cette réalité. Avec un sourire grand comme ça, elle poursuit : « Si une jeune fille veut aujourd’hui devenir gendarme, il n’y aura pas de question de femme ou d’homme, et il n’y a aucune raison que ça se passe mal .»
Sous sa responsabilité : 140 gendarmes, chargés d’assurer la sécurité publique d’un territoire de 800 km², où vivent 156 000 habitants. « Il y a ici comme ailleurs de la délinquance. Du danger. Des violences intrafamiliales, du trafic de stupéfiants, des atteintes aux biens. Mais ici, les gens sont largement attachés à notre action… Ça facilite les choses ! Et moi, mon rôle c’est de mener, autant que possible, une action efficace, pour que la population ressente un sentiment de sécurité, parce que nous aurons agi au bon moment, au bon endroit. » 
Une main de fer dans un gant de velours, pour une mission de trois ans, au plus quatre. C’est la règle : « Ensuite, il faudra rejoindre un poste dans l’administration. Et même si ce que je préfère, c’est l’humain et le terrain, c’est nécessaire. Il faut remonter l’expérience du terrain, c’est indispensable pour adapter les stratégies à la réalité ! ».
 

Sage-femme depuis 1997, Gaëlle Delpech-Dunoyer porte en elle une vocation. Celle d’un métier qu’elle hésite à qualifier de plus beau du monde, même si elle n’est visiblement pas loin de le penser. « Quand vous avez passé une nuit en salle d’accouchement, aller vous mettre sous la couette et repenser à ces moments intenses que vous avez partagés avec des parents, à ces yeux qui se sont ouverts pour la première fois… C’est quand même une chance, c’est puissant et addictif ! », souffle-t-elle, des étoiles dans les yeux.
Cet amour du métier, Gaëlle Delpech-Dunoyer le transmet aux futures sages-femmes de la faculté de Brest depuis des années, comme un sacerdoce : « On leur apprend le métier, et on se doit de les accompagner de manière positive, de leur transmettre des valeurs de respect et d’écoute de l’autre, qu’elles devront incarner auprès de leurs patientes. » 
Administratrice provisoire de l’établissement, probable future directrice, elle savoure le privilège d’avoir vu l’établissement accéder au statut de faculté, en octobre 2024 : «Nous avons été les premiers en France ! C’est un choix fort de l’UBO, qui a porté le sujet. C’est une reconnaissance de la maïeutique comme science au service de la santé des femmes. » 
Reconnaissance méritée, pour un établissement qui évolue avec son temps. En témoigne la création, il y a deux ans, d’un diplôme universitaire sur le repérage des violences intrafamiliales et sexuelles : « Il y a en a deux en France, dont Brest ! Ici, on est loin de tout, alors on en fait plus ! Et le fait de devenir faculté va nous conforter, pour aller toujours plus loin dans une meilleure prise en charge de la santé des femmes ! »
 

L'égalité femmes-hommes

En mars 2009, Brest métropole a signé la charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale. Cette signature acte de manière forte l’engagement de Brest métropole et de la ville de Brest en matière d’égalité.