Les mille visages de la solidarité
Ici, on s’entraide comme on respire : naturellement, souvent sans bruit. Dans les rues, les associations comme au cœur des quartiers, la solidarité éclaire les quotidiens d’une lumière qui ne s’éteint jamais.
À l’heure des fractures sociales qui touchent les plus démunis, Brest n’a qu’un mot à la bouche : solidarité. Multiple, souvent inventive, portée par la population comme par des associations ou la collectivité, la solidarité à la brestoise puise sa force dans l’action collective.
« Le discours du repli sur soi, ce n’est pas quelque chose qui se sent ici, analyse Élodie Cornec, au centre communal d’action sociale de Brest. Et la solidarité, quand on y réfléchit, on y est toutes et tous sujets au quotidien : parfois on aide, parfois on est aidés. »
L’ouverture à l’autre
Alors, bien sûr, la solidarité alimentaire demeure le champ sur lequel il existe hélas toujours le plus de tensions. Mais l’entraide à Brest ne se joue pas que dans l’assiette. Elle va bien au-delà, y compris d’ailleurs quand les bénévoles d’une association d’aide alimentaire tendent un sac de vivres, et qu’à ce don s’associent un regard, un sourire, une parole…
C’est à ce carrefour, justement, que se situe le CCAS brestois, complète encore Élodie Cornec : « La solidarité reste une valeur transversale, qui imprègne tout : la tarification sociale dans une crèche, c’est de la solidarité ; la gratuité des repas pour 20 % des petits Brestois qui mangent à la cantine, c’est de la solidarité… Et les Restos du cœur, où sont accueillies 150 personnes par jour uniquement par des bénévoles, c’en est aussi ! ».
L’aide est inconditionnelle
À une époque où tout, ou presque, est devenu marchand, la solidarité et toutes les notions de générosité qui s’en rapprochent tiennent d’un modèle qui peut sembler désuet. Si certaines actions peuvent apparaître modestes, elles disent pourtant bien autre chose : ici, l’entraide se cultive et se partage, et s’illustre dans des exemples bien trop nombreux pour être cités exhaustivement.
Au Patronage laïque du Pilier Rouge, par exemple, une association permet aux parents “solos” de se réunir le temps d’une soirée et de s’octroyer une parenthèse de tranquillité, tandis que leurs enfants sont pris en charge par le patronage, qui leur organise une soirée pyjama. Sur l’hypercentre brestois, des commerçants se sont réunis sous la bannière du dispositif Le carillon, et rendent des services aux sans-abri en leur proposant de quoi réchauffer un plat ou recharger un téléphone. Plus récemment, le food-truck solidaire La roul’hotte, né de l’imagination de Stéphanie Elkirami, lauréate du budget participatif brestois, a vu le jour. Au menu : un repas chaud et équilibré offert de manière inconditionnelle aux personnes en grande précarité, aux étudiants ou aux sans-abri…
Valeur refuge
Les exemples sont légion. Ils viennent démontrer à quel point, ici, l’entraide est une réalité, qui s’exprime aussi dans les actions de la collectivité, quand celle-ci fait installer des casiers permettant aux usagers de la halte Frédéric Ozanam, du point Kerros ou du Phare d’entreposer leurs affaires sereinement.
À l’heure d’un monde fracturé, la solidarité demeure donc cette valeur refuge chère à la vie brestoise, et qui relie les gens entre eux, depuis le quartier où on aide sa voisine âgée jusqu’au cœur de l’association caritative dans laquelle on œuvre.
Parole d’élue
« Le projet social des solidarités, engagé depuis 2022, a révélé la grande richesse des actions de solidarité existantes et leur complémentarité. Les actions évoluent vers la solidarité populaire, le pouvoir d’agir et l’émancipation des gens, pour eux, avec eux et par eux. »
Marion Maury, adjointe au maire de Brest en charge de l’action sociale
Un 31 décembre solidaire !
Parce qu’elles sont souvent synonymes de partage et d’amusement, les fêtes de fin d’année représentent généralement une période difficile à vivre pour les personnes isolées. Alors, profitant des 80 ans de l’association, l’antenne brestoise du Secours populaire organise un réveillon solidaire le 31 décembre, à destination, justement, de celles et ceux qui ont peu. Une soirée (à partir de 19 heures) entre repas, animations assurées par les acteurs de la troupe de théâtre d’impro de la Libido, et danse, pour permettre aux plus isolés de vivre, eux aussi, un réveillon joyeux.
La soirée, soutenue par la ville de Brest et pour laquelle une participation symbolique est demandée par le Secours Populaire, se tiendra exceptionnellement pour cet anniversaire à l’hôtel de ville, salon Richelieu. Il est néanmoins déjà possible de réserver sa place (ou ses places) par mail*, auprès du Secours populaire de Brest. Les bonnes volontés qui souhaiteraient donner un coup de main dans l’organisation de ce rendez-vous solidaire sont également les bienvenues. Elles peuvent, elles aussi, s’y inscrire par mail à la même adresse.
Inscription par mail auprès du Secours populaire de Brest.
Service solidaire à La cantoche !
C’est sans aucun doute possible “le” restaurant solidaire de Brest, et il soufflera sa dixième bougie en mars 2026 ! Implantée à Recouvrance depuis 2018, après une naissance au Pilier Rouge en 2016, La cantoche est partie d’une idée simple : « Nous étions quelques bénévoles à travailler aux Restos du cœur, et il nous arrivait de délivrer des conserves à des gens n’ayant même pas de quoi les réchauffer chez eux, se rappelle Chantal Boulic, aujourd’hui présidente de La cantoche. L’idée a donc été de pouvoir cuisiner pour les plus fragiles… ».
Avec ses 54 bénévoles, dont une dizaine travaille chaque midi du lundi au vendredi, La cantoche, soutenue par la ville de Brest et la métropole, propose des menus à tarifs différenciés : le menu entrée-plat-dessert à 11 euros peut se transformer en une formule à 2,50 euros, 5 euros ou 7 euros selon les revenus de l’hôte.
Dans ce cadre très chaleureux où se mêlent toutes les catégories de la population, le restaurant de la rive droite ne se contente d’ailleurs pas de servir en moyenne 50 repas par midi. Le traditionnel “café suspendu” des débuts, qui permet à un consommateur de payer, en plus de son café, celui d’un autre consommateur, s’est rapidement transformé en “repas suspendu”. Ainsi, sur la base d’un menu à 2,50 euros, une personne acceptant de payer 11 euros en plus de son propre menu peut offrir jusqu’à quatre autres repas à des personnes dans le besoin !
Et pour Noël, le restaurant prépare un menu amélioré pour le midi du 23 décembre, avant que ses bénévoles ne s’octroient une petite pause méritée du 25 décembre au 4 janvier.