Kieran Le Borgne, de l'eau salée dans les veines

Mise à jour le 05/05/2025

À 27 ans, le Brestois Kieran Le Borgne a déjà l’expérience d’un vieux loup de mer. En rachetant l’ancien Imoca de Michel Desjoyeaux, il entend jouer collectif, pour ouvrir le monde de la course au large au plus grand nombre.

Kieran Le Borgne
Kieran Le Borgne - ©Franck Bétermin

« Depuis tout petit, ma vie tourne autour de la rade, des bateaux, de la mer », sourit Kieran Le Borgne, les yeux sur les eaux calmes du port de commerce au petit matin. Et ce n’est pas près de s’arrêter…

À la force du vent

Et pourtant, le gamin brestois n’était pas forcément destiné à cette vie-là. Vice-champion du monde de kite en 2017, champion de France l’année suivante, il aurait pu se « contenter » de cette aura. « Le kite, c’est super, tu vas partout dans le monde, mais tu restes toujours dans des baies fermées. J’ai fini par trouver ça frustrant, j’avais envie d’autre chose, d’aller plus loin à la force du vent… »

Histoire de famille

Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de marins, Kieran se trouve donc, en 2020, rattrapé par l’atavisme familial. Père et fils mettent au pot commun quelques moyens et beaucoup d’huile de coude, pour racheter un Class 40 à l’abandon, le remettre en état, puis enchaînent les courses… Pour finir, en 2022, par une Route du Rhum, première solitaire pour le jeune marin : « J’avais déjà des transats derrière moi… Et puis bon, une fois que t’es poussé du quai, y’a plus qu’à manier le bateau », se marre-t-il.

Mini bio

  • 27 janvier 1998 : naissance à Brest
  • 2012 : entrée en sports-études à Auray, section Kite surf
  • 2020 : achète avec son père, Jean-Jacques, son premier Class 40
  • 2022 : franchit la ligne d’arrivée de sa première route du Rhum sur ce même Class 40, en se classant 24e sur 55 
  • 2024 : rachète l’ancien Imoca de Michel Desjoyeaux

L’évidence du collectif

Sa marotte reste pourtant celle du collectif : « C’est super de naviguer, mais ce qu’il y a d’intéressant, c’est d’être porté par les gens qui sont avec et derrière toi ! ».

Dont acte sur la Transat Jacques Vabre de 2023 : « La Course au large reste un milieu trop élitiste à mon goût. Il y a tellement de gens qui aimeraient monter sur un bateau de course ! Avec Virtual Regatta, on a donc embarqué un passionné sur mon bateau. Et ça m’a confirmé que c’était ça le plus intéressant : voir la passion dans les yeux des gens ! ».

Dans le discours de Kieran, tout a l’air tellement simple, évident… Même le rachat pourtant semé d’embûches de l’ancien Imoca de Michel Desjoyeau, en juin 2024. « Il était au port du Château, à l’abandon depuis si longtemps. Et nous, on n’aime pas les bateaux à l’abandon », élude-t-il gaiement.

Kieran Le Borgne
Kieran Le Borgne - ©Franck Bétermin

Un pour tous…

Désormais baptisé Aïto, le bateau aujourd’hui stationné au port du Tinduff, à Plougastel, va être entièrement refait. Toujours en famille, mais pas que. Autour de son association Earwenn « de plus en plus de gens se manifestent pour donner un coup de main, et ça, c’est juste génial ». L’objectif, lui, ne change pas : « Voir le plus de monde possible, à terme, embarquer sur ce bateau, c’est vraiment ça qui compte ». Dans l’intervalle, Kieran entend reprendre la barre au départ de la Route du Rhum 2026 « pour montrer que le bateau est toujours en vie ! ».

Au printemps prochain, Aïto devrait donc faire ses premiers essais en rade. « C’est un terrain de jeux formidable ! Et si on peut, avec ce projet, en faire un nouveau point d’ancrage pour une course au large plus populaire et accessible qu’ailleurs… ce serait le top ! ». Parole de marin ne saurait mentir…

Balises

« Brest, c’est une rade hyper naturelle, et une ville autour. Ça donne une vraie mixité des habitants, et des gens top ! Le temps aussi est mixte : ici, avec la météo, tu ne sais jamais trop ce qui va se passer ! Et puis, en tant que voileux, ce que j’aime, c’est franchir le goulet, et ça y est, tu es en pleine mer. Ici, un rien nous sépare du reste du monde : si tu veux aller aux États-Unis, tu passes le goulet et tu vas tout droit… C’est ça Brest, c’est l’ouverture au monde ! »