Une eau si précieuse

Mise à jour le 06/10/2025

Renouvelable mais pas illimitée, l’eau est devenue l’une des richesses les plus précieuses de notre époque. Du côté de la métropole, une stratégie globale de préservation de la ressource est en place.

un enfant sur une pierre la main dans une rivière
L'eau est si rare et précieuse ! - ©Julien Creff

Nombre d’entre nous se souviennent de l’été 2022. Toute la France vit une sécheresse qui apparaît comme l’une des plus sévères des 50 dernières années. L’évidence est là  : l’eau est un bien menacé, à protéger. « Elle peut bien être naturelle, quand il n’y en a pas, il n’y en a pas » , résume Nathalie Fleury, responsable du centre horticole de Brest métropole, qui a subi de plein fouet la sécheresse de 2022 (lire ci-dessous).
Cet été, le scénario s’est, hélas, répété. La Bretagne, considérée comme un territoire riche de précipitations abondantes, est placée en alerte sécheresse. Laquelle a pris fin le 10 septembre au niveau finistérien.

Une stratégie mise en place

Pour faire face à ces épisodes alternant pluies soutenues et temps sec prolongé - dont les spécialistes disent qu’ils vont devenir la norme - la métropole brestoise déploie depuis plusieurs années une stratégie globale de préservation de l’eau, faite de modernisation d'infrastructures (lire ci-dessous), de gestion responsable (les fontaines du centre-ville de Brest fonctionnent en circuit fermé) ou encore de sensibilisation du public.
« Préserver la ressource, c’est aussi favoriser le retour des eaux pluviales dans les nappes phréatiques, résume Nicolas Floch, responsable de la division eaux pluviales de la métropole. Les eaux qui ruissellent sur la ville peuvent devenir un danger et nécessiter de lourds investissements. C’est dans cette optique-là, par exemple, qu’a été construit le parc inondable de Kertatupage à Brest, en 2022.   »
Véritable “zone tampon”, le parc se remplit en cas de fortes précipitations. Tandis qu’une partie de l’eau s’infiltre dans le sol, permettant aux stations d’épuration brestoises de ne pas saturer et à une flore et une faune généreuses de se développer en plein cœur de ville. Le dispositif de Kertatupage limite ainsi les inondations en cas de fortes pluies sur Kérinou.

150 hectares à désimperméabiliser

Sur la métropole brestoise, l’heure est donc à une approche toute différente de la gestion des eaux pluviales, en les laissant pénétrer directement le sous-sol grâce à des aménagements devenus la norme dans les cours d’écoles (lire ci-dessous) et dans chaque nouvel aménagement.
Une fois sa réhabilitation achevée, le secteur de Kerbernier, jouxtant le parcours de la prochaine ligne de tramway, bénéficiera par exemple d’un traitement spécial de désimperméabilisation de ses surfaces, sur quatre hectares. 
Confié à Brest métropole aménagement, le dossier prévoit par exemple la création de petits fossés végétalisés recueillant l’eau de ruissellement ou encore de légers reliefs favorisant le parcours naturel de l’eau.

Parole d’élue

Nathalie Chaline, vice-présidente de Brest métropole en charge de l’eau et de l’assainissement

Face aux situations répétées alternant hausse des températures et précipitations violentes, il est du devoir de la collectivité de mettre en place des moyens permettant à chacun se saisir de la problématique de l’eau. C’est ce que fait la métropole à son échelle, en désimperméabilisant par exemple une partie de ses sols. Et c’est ce qu’elle fait aussi en sensibilisant ses habitantes et habitants avec le dispositif “Valorisez l’eau de pluie dans votre jardin".

Des réseaux sur écoute

Sur le territoire, lutter contre le gaspillage de l’eau est aussi une affaire d’innovation. Aidées, depuis le printemps  dernier, par 500 petits capteurs répartis sur tout le réseau et combinés à de l’intelligence artificielle, les équipes d’Eau du Ponant sont désormais en mesure de détecter les fuites avec une précision jusque-là inégalée. 
Le gain de temps est réel et l’économie d’eau considérable. Car depuis, une quinzaine de fuites ont été débusquées grâce à ces “micros”, permettant d’économiser 500 m³ d’eau par jour, soit l’équivalent d’une piscine olympique par semaine !

Des gestes simples

Dans ce contexte, chacun a d’ailleurs sa responsabilité, y compris les habitantes et habitants. « En cas de pluie, l’eau ruisselle sur les surfaces imperméabilisées, selon un phénomène qui se déroule à 50 % chez les particuliers… », constate encore Nicolas Floch.
Brest métropole incite donc sa population à valoriser l’eau de pluie qui tombe dans son jardin par le biais de plusieurs actions : conseils en matière de travaux d’adaptations (creuser des petits fossés dans son jardin, infiltrer les eaux pluviales sous une allée…), vente de récupérateurs d’eau à tarif préférentiel.
Autant de petits gestes en écho à cette réalité : l’eau est aussi essentielle que l’air que nous respirons. Sa préservation, tant en qualité qu’en quantité, est surtout un enjeu collectif, à prendre en compte dès aujourd’hui.

Un enfant devant une cascade
Une eau si précieuse - ©Julien Creff

Quatre façons de préserver la ressource

Maillon clé de l’alimentation en eau du nord Finistère, l’équipement géré par Eau du Ponant assure l’approvisionnement de 310 000 habitantes et habitants, en prélevant quotidiennement 35 000 m3 d’eau dans l’Elorn. Et c’est un virage aussi important qu’essentiel qu’a entamé en septembre 2024 l’usine d’eau potable de Pont ar Bled, à Plouédern.
102 ans après la construction de ses premiers ouvrages et plusieurs vagues de modernisation, l’usine présentait des signes de vieillissement sur lesquels il fallait donc agir, par des travaux estimés à près de 43 millions d’euros*.
En 2027, l’usine de Pont ar Bled arborera un tout nouveau visage, en adéquation avec les besoins d’aujourd’hui. Outre des traitements plus efficaces qui amélioreront la qualité de l’eau distribuée et un cadre entièrement repensé au service de la biodiversité et des riverains, elle renforcera la sécurité hydraulique du territoire en cas de sécheresse ou de pollution. 
Deux nouvelles réserves d’eau d’une capacité totale de 35 000 m3 vont ainsi être construites pour amener l’autonomie du territoire à 24 heures si le pompage dans l’Elorn devait être arrêté (contre 5 000 m3 et deux heures d’autonomie actuellement). Une réserve d’eau potable de 5 000 m3 est également prévue.

* financés par Brest métropole (34,60 M€) ; la communauté de communes de Landerneau-Daoulas (5,70 M€) ; le conseil départemental (2 M€) et l’agence de l’eau (143 000 €).

Parce qu’en matière de préservation de l’eau, chacun de nos gestes est important, Brest métropole a lancé un guide pratique pédagogique, entre solutions quotidiennes pour économiser la ressource et données chiffrées pour prendre la mesure des conséquences de certaines de nos (mauvaises) habitudes.
Prendre une douche plutôt qu’un bain semble aujourd’hui un réflexe bien acquis par nombre d’entre nous. Et pour cause : la première consomme en moyenne trois fois moins d’eau que le second…
Dans les pièces d’eau, toujours, la seule installation de mousseurs sur les robinets permet d’économiser 30 à 50 % d’eau, tandis qu’une simple petite fuite au goutte-à-goutte fera perdre une moyenne de 4 litres d’eau par heure et 35 000 litres par an !
À l’extérieur, il est fortement recommandé de limiter l’imperméabilisation des sols au strict nécessaire, pour laisser les eaux pluviales pénétrer naturellement dans le sol et assurer ainsi une meilleure reconstitution des nappes phréatiques.
Petit bonus, parmi tant d’autres, à retrouver dans ce guide pratique : l’eau de cuisson, une fois refroidie, peut tout à fait servir à arroser le jardin. D’autant que si cette eau a chauffé des légumes, elle contiendra de nombreux nutriments essentiels au bon développement des plantes !

À Guilers, au centre horticole de Brest métropole, qui alimente en plantes les huit communes du territoire, août 2022 est resté dans les mémoires… « Cet été-là, en pleine période de sécheresse, tout arrosage avait été interdit par l’État, se rappelle Nathalie Fleury, la responsable du site, la plupart de nos cultures sont mortes.   »
Dès l’année suivante, décision est prise de mettre en place des cuves de récupération d’eau de pluie. Une subvention de l’agence de l’eau vient aider à leur installation, et les deux cuves de 250 m³ chacune entrent en service en janvier 2024. « Grâce à elles, nous récupérons les eaux de pluie de 2 000 m² de toitures du centre, et une bonne moitié de nos plantations sont désormais arrosées ainsi », explique Nathalie Fleury.
Une vraie bonne nouvelle, « d’autant que l’eau de pluie est bien meilleure pour les plantes ». D’autres mesures fortes ont par ailleurs été prises, de longue date, par les équipes du centre. Ici, l’arrosage se fait au goutte-à-goutte partout, pour une gestion bien plus économique de l’eau que l’arrosage traditionnel à grands jets ou par asperseurs, tout en permettant de délivrer de manière progressive la quantité d’eau exacte dont la plante a besoin.

L’îlot mairie de Gouesnou, dont la réalisation totale est programmée en 2029, et l’école Isabelle-Autissier attenante, inaugurée en septembre 2023, constituent une illustration de ce qu’il est possible de faire en matière de gestion des eaux pluviales. 
Confiés en totalité ou partie à Brest métropole aménagement (BMA), les deux dossiers ont en effet inclus, dès le début, une vraie réflexion sur la manière dont laisser la nature y faire son office.
Sur l’école, la cour a été imaginée dans un esprit qui prévaut aussi dans les écoles publiques brestoises  : « Un petit bassin enterré et surtout des petits fossés captent les eaux pluviales de la cour et de la toiture, résume Christophe Billant, pour BMA. Les bénéfices sont multiples : le rejet dans les réseaux s’en trouve considérablement limité, les eaux sont stockées sur place et s’infiltrent directement dans les sols qui, de fait, deviennent plus adaptés à la pousse des espaces végétalisés et au développement de leur faune associée. »
Sur l’îlot mairie voisin, les espaces publics gèrent aussi leur eau avec le même type de petits fossés et un cahier des charges strict est transmis aux différents promoteurs : tous les aménagements doivent garantir une infiltration des eaux de pluie au plus près de leur point de chute, aidant ainsi à la recharge des nappes phréatiques. En respectant le parcours de l’eau, c’est la biodiversité qui se développe, et tout le cadre de vie qui y gagne.

  • Vue aérienne des travaux de l'usine
    En 2027, l'usine de traitement des eaux de Pont ar Bled offrira un nouveau visage. - ©Eau du Ponant
  • Vue aérienne d'une école
    L'école Isabelle-Autissier a intégré les bonnes pratiques d'économie d'eau dès sa conception. - ©BMA