Olivier Bourbeillon, court toujours

Mise à jour le 03/11/2025

Co fondateur, avec Gilbert Le Traon, du festival du film court de Brest, il y a tout juste 40 ans, Olivier Bourbeillon regarde d’un oeil exigeant mais ravi la nouvelle génération se faire son propre film.

Portrait d'Olivier Bourbeillon
Olivier Bourbeillon - ©Franck Bétermin

Le monsieur se marre, tout le temps. Un peu amusé, un peu éloigné des feux de la rampe. Un jeu d’acteur, avant de dérouler le scénario improbable de ce petit rendez-vous populaire devenu très grand : le festival européen du film court de Brest.

Le scénario du coup de bol

« J’ai toujours eu du bol, j’ai toujours fait les bonnes rencontres ! », rigole-t-il. La formule vaut (aussi) pour le festival du film court de Brest, monté avec son compère de l’époque Gilbert Le Traon, en 1986 : « C’est une histoire de chance et de génération, je crois. On était dans les années Mitterrand… Enfin bref, c’était une époque où, pour la première fois en fait, on pouvait être jeunes et tenter des choses ». Leur moteur : « Montrer des choses singulières, et des gens sur lesquels on pariait pour l’avenir ». Contre toute attente, le petit festival devient grand, suivant rapidement de près son aîné de Clermont-Ferrand.

« Je crois que ça a marché parce que les gens sont curieux. Et c’était étonnant de se dire qu’ils venaient voir des films de cinéastes dont ils n’avaient jamais entendu parler… Mais c’était rassurant aussi, cette curiosité et cette ouverture, qui subsistent aujourd’hui ! ».

mini bio

1957 : naissance à Dinan

1964 : arrivée à Brest 

1983 : tourne son premier film court, place Sanquer, La fiancée

1986 : premier festival du film court à Brest

2000 : crée sa propre maison, Paris-Brest productions

Portrait d'Olivier Bourbeillon
Olivier Bourbeillon - ©Franck Bétermin

Un palmarès de fou

Le prix de l’audace paiera, plus d’une fois. Et laisse dans les archives du réalisateur et producteur des images par centaines. « Il y a bien sûr Mathieu Kassovitz, qui vient à Brest avec son premier court, Fierrot le pou… Ça a été la révélation, et sans doute le film court le plus rentable de l’histoire ! ». Il y a aussi « Vincent Lindon, président du jury. Moi, c’était pas mon truc, mais qu’est-ce qu’on s’est marrés ! ». Des sueurs froides, à l’occasion d’une « engueulade monstrueuse entre Andrzej Żuławski et Marceline Loridan, qui finira par lui montrer son tatouage de camp de concentration… ».

Et puis, il y a les films. Les bons, les moins bons, les ratés. Et la pépite, intemporelle, imparable : « Emilie Muller, un film que tout le monde devrait encore voir aujourd’hui… ».

L’avenir au féminin

Pas de nostalgie dans l’oeil de celui qui, après huit ans au service du festival, prit la tangente pour tisser sa propre carrière au sein de Paris-Brest production. « Mais au final, c’est la même chose : on fait exister les films des autres… c’est ça le vrai plaisir ! ».

Alors, quand dans quelques jours il sera là pour célébrer les 40 ans de « son » bébé, Olivier Bourbeillon sera juste heureux. « Je ne verserai pas ma petite larme, même si bon… 40 ans, quand même ! En fait, moi qui m’inquiète de la tournure du monde, je me dis que les gens vont finir par faire quelque chose. Et les femmes surtout, évidemment ». Évidemment ? « Aujourd’hui ce festival est porté par des femmes, et c’est heureux. Les femmes ont ce talent que les hommes n’ont pas : savoir écouter les autres, et ce désir d’exister si diffé rent des hommes… ». Son sourire en dit plus long qu’un court, dont il trouve le titre au détour d’une dernière pirouette : « Vivement les 40 prochaines éditions du festival ! ».

Balises

« Brest, c’est simple… Cette ville est comme les gens d’ici, elle ne se la pète pas ! En 40 ans, elle a énormément changé et, sur les ruines de l’après-guerre, elle a su trouver une patine à l’ancienne, que les cinéastes adorent. Elle l’aura finalement réussie, sa reconstruction ! »