Stéphanie Hudin, à fleur de peau

Mise à jour le 20/02/2025

Docteure en écologie de la conservation, Stéphanie Hudin vient de prendre les rênes du conservatoire botanique national de Brest. Un retour aux racines.

Stéphanie Hudin
Stéphanie Hudin - ©Franck Bétermin

« Quand je suis arrivée à Brest, de peau cet été, il pleuvait. Mais ça me va : je suis de retour dans ma niche écologique. » Stéphanie Hudin sourit. Elle a le regard doux, la voix qui se pose. Elle est enfin revenue dans cette Bretagne où elle a grandi, entre une enfance à Dinard et des études à Rennes, et après 15 années du côté d’Orléans, à œuvrer pour la fédération des conservatoires d’espaces naturels. 

« Comme tout botaniste, je connaissais Brest, avance-t-elle. Onze autres conservatoires du même genre existent, mais tous se sont construits à l’image de l’équipement brestois. Parce qu’il faut dire les choses comme elles sont, les personnes qui ont fondé le conservatoire de Brest en 1975 étaient des visionnaires ! ».

Mini bio

  • 1972 : naissance sur les côtes méditerranéennes 
  • 2003 : obtention d’un doctorat en écologie de la conservation
  • 2024 : arrivée au conservatoire botanique national de Brest

Transitions

La docteure en écologie de la conservation prend donc la tête d’un équipement qui fait référence à travers le monde et qui soufflera sa 50e bougie l’an prochain. Elle succède à Dominique Dhervé, directeur pendant 20 ans. Et le challenge, s’il ne l’effraie pas, est relevé. « J’hérite de tout un tas de réflexions qui sont nées ces dernières années. 
Le conservatoire est lancé dans un projet baptisé Transitions, qui doit lui offrir un nouveau visage d’ici 2030. » 

Riche de ses nouveaux locaux inaugurés à l’été 2022, la structure brestoise a débuté sa mue, qui devrait aussi servir à réinventer, notamment, le bijou (trop) méconnu que constituent ses serres tropicales.

Stéphanie Hudin
Stéphanie Hudin - ©Franck Bétermin

Souffle nouveau, expertise ancienne

« Il aura fallu énormément de passions pour parvenir à ce qu’est le conservatoire aujourd’hui », glisse-t-elle encore. Car la plupart des 400 000 visiteurs annuels du jardin botanique ne se doutent souvent pas de l’étendue de l’expertise qui se cache derrière toutes ces plantes menacées d’extinction, qui voisinent avec des variétés plus communes.

« Avec ses 35 salariés, dont six sont basés à Nantes, qui produisent énormément de données et de connaissances, le conservatoire est tout simplement le plus pointu en termes de préservation des espèces mondiales menacées. Plus de 1 200 d’entre elles sont conservées ici. »

Cylindrocline et île Maurice

Exemple le plus récent de ce savoir-faire au service du monde ? L’été dernier, sur l’île Maurice et à la demande du gouvernement local, le conservatoire a aidé à la réimplantation du cylindrocline, arbuste considéré comme éteint depuis 30 ans. « Nous sommes un institut scientifique au service de la conservation, en lien avec le vivant, le “sauvage”… L’érosion de la biodiversité est engagée, or tant de choses dépendent du végétal », pointe enfin Stéphanie Hudin, qui souhaite voir le  conservatoire œuvrer encore et encore à la sensibilisation du grand public. 

Il s’agirait là d’un juste retour des choses pour celle qui se dit botaniste depuis ses 11 ans, à la faveur de lectures personnelles et de rencontres avec des personnes qui ont su l’ouvrir à l’importance capitale de la biodiversité.

Balises

« Brest, c’est un entre-deux. On est entre le bleu et le vert, entre la mer et le végétal. On est aussi les héritiers d’explorateurs qui sont partis d’ici pour mener de grands voyages et découvrir le monde. »