Stéphanie Elkirami-Saillour, au four et au moulin

Lauréate du Budget participatif 2024 de la ville de Brest, Stéphanie Elkirami-Saillour s’émerveille encore du succès rencontré par son projet de food-truck solidaire. « J’ai vite constaté, à ma grande stupeur, que les gens y voyaient un intérêt ! Et puis, j’ai fini parmi les lauréats, je ne pouvais plus reculer ! Mais c’était le but, alors… ».

Rien ne prédestinait Stéphanie à conduire cette barque solidaire dans les rues brestoises. Même si cette fille d’une restauratrice de Roscoff a longtemps traîné ses guêtres dans les cuisines du restaurant familial, avant d’enchaîner des saisons dans différents établissements de la région. Pourtant, elle s’oriente vers une tout autre carrière, dans la vente. Mais « toute ma vie, j’ai toujours eu cette petite fibre en moi, qui me rapprochait des gens un peu atypiques et cabossés par la vie. »

À l’aube de ses 50 ans, ses rêves en bandoulière, elle franchit le pas. Engagée dans une formation d’assistante sociale, elle effectue un stage au lieu d’accueil de jour Le Phare, à Brest. C’est là que tout bascule, vers le mieux. « On y accueille des personnes en grande précarité… des gens abîmés par la vie. Ils ont eu une famille un travail, et pourquoi pour qu’est-ce, un accident de parcours et c’est la chute libre… », souffle-t-elle. « On leur donne de quoi manger le midi, mais le soir ? Quand j’ai compris que beaucoup pouvaient ne manger chaud que trois soirs par semaine, je me suis dit qu’il y avait un problème ! »

Qu’importent les études, de fait mises entre parenthèses pour se donner à 100 % au projet. Et le succès est au rendez-vous du Budget participatif. « Stéphanie est quelqu’un de très engagé, de très investi… qui donne tellement d’énergie ! Son projet va aider nos publics, c’est une super initiative, on la soutient à 100 % », apprécie Annaïg Brenner, la directrice du Phare.

La Roul’hotte de Steph est donc désormais à poste, trois soirs par semaine, en centre-ville dans un premier temps. Au four et au moulin, Stéphanie y concocte ses petits plats, selon les dons de la Banque alimentaire. Les convives de passage y trouvent la chaleur d’une assiette partagée avec le cœur. « C’est pas du trois-étoiles, mais de la cuisine familiale, qui réchauffe et qui fait du bien ». Elle garde son objectif intact : « Il y a tellement de gens qui dorment dans leur voiture, qui ont tout perdu, c’est tellement injuste… Si ce type d’initiative peut leur permettre de sortir la tête de l’eau, un moment, ce sera déjà beaucoup. On est là pour leur apporter à manger, mais aussi de la bienveillance, un peu de solidarité, de bien-être et de bonheur. »

Stéphanie savoure sans faux-semblants son bonheur de voir son rêve concrétisé. Espère une issue heureuse pour les autres. « Et j’innove… enfin je crois ! Si ça peut donner à d’autres, ailleurs, l’idée de faire la même chose… alors là, ce serait vraiment chouette ! »