Bénédicte Kerdavid, une certaine idée de la vie

Mise à jour le 07/04/2025

Avec les bénévoles de la Halte d’accueil Frédéric Ozanam, à Brest, Bénédicte Kerdavid retricote en douceur un lien social trop souvent amoché par la réalité.

Bénédicte Kerdavid
Bénédicte Kerdavid - ©Franck Bétermin

On se demande parfois pourquoi. Pourquoi certains ont cette force discrète que l’on n’a pas, cette bienveillance et cette puissance solidaire. Prenez Bénédicte Kerdavid, présidente de la halte d’accueil Frédéric Ozanam. Elle n’a pas de réponse sur le pourquoi. Juste des convictions chevillées à l’âme… et mises au service de celles et ceux qui, aux malheureux hasards de la vie, ont un jour égaré le fil d’une existence ordinaire. Ce lundi matin-là, la grande salle de la Halte paraît bien calme, comparé à l’affluence des créneaux d’ouverture de cet accueil de jour. Chaque samedi, dimanche et jour férié, les bénévoles y servent près de 100 repas chauds. Et partagent bien plus encore avec une population où se croisent des personnes sans domicile, des salariés qui peinent à boucler leurs fins de mois, comme des personnes âgées isolées aux maigres revenus.

Mini bio

  • 1960 : naissance à Cherbourg
  • 1981 :  sage-femme diplômée d’État
  • 2010 : bénévole à la Halte
  • Juin 2023 : présidente de la Halte

Bienveillance

Bénédicte Kerdavid se pose dans un petit bureau, ancien local de rangement pas encore tout à fait rangé. La priorité n’est pas là. « Il nous tient à cœur de bien accueillir les gens », explique-t-elle. De sa voix posée, elle poursuit : « On va aménager un espace de repos, un cocon pour les femmes qui veulent allaiter au calme, un bureau pour les entretiens en urgence… ».

Accompagner et prendre soin, tout comme cette ancienne sage-femme l’a fait tout au long de sa carrière au chevet de femmes parfois en vraie détresse : c’est la ligne de la présidente et des 81 bénévoles de cette Halte ouverte quand les autres associations de solidarité ferment leurs portes.

Bénédicte Kerdavid
Bénédicte Kerdavid - ©Franck Bétermin

Viser le mieux

Désormais, les accueillis de la Halte peuvent prendre un petit-déjeuner complet, protéiné, chaque week-end. « Parce que les viennoiseries qu’on servait jusque-là, ça ne suffit pas quand vous dormez dans la rue ! ». La professionnelle de santé ne plaisante pas avec ces choses-là, et voit plus loin, comme nombre d’acteurs de la solidarité à Brest. Prochain objectif de la Halte : « Passer de la distribution d’aide alimentaire actuelle du jeudi à une épicerie gratuite, mais où les bénéficiaires disposent d’un budget fictif, qui leur permette de faire leurs choix. Le tout avec des ateliers cuisine pour savoir faire avec ce qu’on a, tout en mangeant équilibré ». Les dossiers de financement sont en cours, l’ouverture espérée fin 2026.

À chacun ses victoires

Et d’ici là ? Et après ? « Malheureusement, la Halte aura toujours une raison d’être et on ne sauvera pas la terre entière. Mais si on peut apporter un peu de soutien et de confort… Ajouté à ce que font les autres acteurs de la solidarité à Brest, on peut déjà être contents », estime Bénédicte Kerdavid.

Avant de trouver, peut-être, la réponse au pourquoi de tout à l’heure : « Ici, les beaux moments, ce n’est pas toujours un happy end. Mais c’est la participation active de représentants des accueillis à notre conseil d’administration, le sourire d’une autre accueillie, bénévole pour Brest 2024, et qui a ainsi retrouvé la confiance en elle. C’est la dignité et la temporalité retrouvées pour des personnes en déficit de lien social, créé par la maladie ou la précarité. Pour nous, ce sont des grandes victoires ».

Balises

« Je ne suis pas née à Brest, mais je la considère comme ma ville. Je l’aime sans doute parce qu’elle a un gros tissu associatif, avec des gens qui ont envie d’avancer, et ce n’est jamais vain. Et puis, on sent que dans le milieu associatif, on a ici tous le même état d’esprit : collectif, et non pas les uns contre les autres. Ça donne envie de continuer à s’investir ensemble ! »