Quand la culture va...

Mise à jour le 03/11/2025

Théâtre ou battle de hip-hop, concert classique ou visionnage de films courts, expo d’art contemporain ou spectacle de rue… Sur Brest métropole, la culture fait partie de l’évidence du quotidien, joyeuse bande-son d’une vie locale métissée et aventureuse.

Une femme à cheval dans la médiathèque des Capucins
Le projet Surgissements du théâtre du Centaure a donné le ton le 20 septembre, en débarquant sa poésie équestre en divers lieux de la ville.

Au début, on ne remarque rien. Si ce n’est, peut-être, cette ouverture des gens, cette facilité à aller vers l’autre, à échanger, à débattre, à rêver et construire ensemble… Où que le regard se pose, il y a toujours ici ce petit quelque chose de mieux ! Et sans doute la richesse de la vie culturelle n’y est-elle pas étrangère…

Dès le plus jeune âge

Car, dans chacune des huit communes qui composent Brest métropole, les propositions culturelles foisonnent, tout au long de l’année, et pour tous les publics. À commencer par les plus jeunes. Car c’est là que tout commence, là que se forgent les racines de la vie adulte… À Brest, ville labellisée 100 % éducation artistique et culturelle, « tout enfant doit avoir l’occasion de se frotter à différentes disciplines artistiques. C’est la clé de leur émancipation future, celle aussi sans laquelle leur compréhension du monde sera plus compliquée », rappelle Réza Salami, vice-président de Brest métropole en charge des équipements culturels.
La ville propose ainsi chaque année plus de 2 000 heures d’interventions d’artistes dans les écoles, sans compter l’aide à la création, avec des résidences artistiques en milieu scolaire.
Un terreau riche et fertile, qui nourrit les âmes dès l’enfance… Et chacun peut en profiter, avec une saison jeune public variée, qui essaime dans de nombreuses structures de diffusion, à des tarifs accessibles à toutes les bourses.

Choix pléthorique

Et cela, logiquement, aboutit au foisonnement de l’offre culturelle métropolitaine, de la plus petite à plus grande salle, de l’association de quartier à la scène nationale, des cultures urbaines aux musiques classiques en passant de celles de Bretagne… 
De la Maison du Théâtre, à Lambézellec, à l’Avel Vor de Plougastel-Daoulas, en passant par La Carène, Le Quartz, la Chapelle Dérézo, Le Maquis, le Fourneau ou encore les dizaines de festivals à géométrie variable qui ponctuent le calendrier de la métropole, l’offre est pléthorique, plurielle, réjouissante. 
Un acquis sur lequel ne se reposent pourtant pas les acteurs de la culture locale, bien conscients des fractures sociales qui persistent ici comme ailleurs.

Pour en savoir plus

Découvrez l'offre culturelle et de loisirs de Brest métropole sur le site Brest.fr.

Parole d’élu

Réza Salami, conseiller métropolitain en charge des équipements culturels

La culture contribue à l’émancipation et à la compréhension du monde. En y investissant toute notre énergie, nous renforçons les liens de fraternité entre les générations et les habitants.

L’envie pour dénominateur commun

« Ce qu’on veut, c’est que dans nos salles, on accueille des gens qui ne se ressemblent pas, mais qui sont à l’image du territoire. Que la culture ressemble à la société réelle », confie ainsi Anne Tanguy, directrice du Quartz. La scène nationale, tout comme La Carène, le Mac Orlan ou encore Le Maquis, portent donc la culture au plus près des habitants, sous des formes participatives, collectives, ouvertes
« On tisse des liens, dans les écoles, dans les structures de quartier, dans les Ehpad. On met les gens en situation de pratiquer, et je crois que c’est comme cela qu’ils reviendront ensuite dans les salles », confirme Virginie Salmon, au Mac Orlan. 
Une nécessité car, comme le souligne Anne Tanguy : « Si, nous, on connaît un quartier, il n’est pas dit que les habitants de ce quartier soient familiers du Quartz, ni du théâtre en général. Or je suis convaincue que, dans le contexte actuel plus encore, tout le monde a envie de culture, de poésie, de moyens de développer son imaginaire. Et ça, c’est notre savoir-faire ! ». Une manière de faire société “à la brestoise”, en somme !

  • une scène, un danseur de hip hop et du public sur le parvis Cesaria Evora
    A Brest, le hip hop est toujours aussi vivace
  • Un groupe de personnes coupant un ruban
    Inauguration, en 1987, de la deuxième édition du festival en présence notamment de Mathilda May et d’Olivier Bourbeillon. - ©Côte Ouest
  • Un homme a cheval donnant la main à un enfant sur un balcon
    Si tu ne viens pas à la culture, la culture viendra à toi ! - ©Mathieu Le Gall
  • une jeune homme de dos, assis sur des coussins et un casque sur les oreilles
    Un nouveau lieu, carrefour des possibles du son et de l’image ouvrira en plein cœur de Brest, au 8, rue Victor Hugo. - ©Marcel Carrez

Dans les rues, dans les équipements de quartier, le hip-hop brestois n’a pas dit son dernier mot. Porté par deux associations, K.One et La Fierté des nôtres, il essaime sur toute la ville. Un terreau puissant pour les nouvelles générations.
« Avec K.One, notre idée c’est de faire perdurer la culture hip-hop sur Brest, en allant notamment vers des publics qui en sont éloignés. On propose donc des choses dans les quartiers, et sur l’espace public, pour promouvoir les différentes disciplines du hip-hop, de la danse au graf en passant par le rap », souligne Chambo, fondateur de K.One et danseur pro-fessionnel. 

Un travail de fourmi, en partenariat avec les acteurs de quartier, autour de blocparties, de jams, et de l’essence même de la culture hip-hop : le partage et l’ouverture à l’autre. « Le hip-hop avance et évolue avec son temps, autour de ses valeurs, qui restent les mêmes : peace-love-unity and having fun (paix, amour, unité et prendre du plaisir, ndlr) », sourit le danseur.  

Une affirmation partagée par La fierté des nôtres. L’association est issue d’une bande de “gamins” de Kerangoff, biberonnés au hip-hop dans leur enfance. « On a eu un animateur de la maison de quartier qui nous a fait voyager partout grâce au hip-hop. Et aujourd’hui, on prend le relais, pour transmettre ces valeurs aux nouvelles générations», explique Josselin Stourm, danseur et membre de la Fierté des nôtres. L’association multiplie les propositions, pour transmettre, encore et toujours, l’esprit hip-hop : « Nous, on a appris les bases gratuitement et c’est pour ça qu’on bosse avec les structures de quartier, pour proposer des choses qui soient abordables pour tous. C’est ça l’esprit hip-hop : la bienveillance, le partage et l’humilité ! » 

Et le ciment prend : cet été, le premier festival Break the bay de la Fierté des nôtres a su séduire et fédérer. Une seconde édition est déjà dans les tuyaux.

Du 11 au 16 novembre, le festival européen du film court de Brest souffle ses 40 bougies. Petit coup d’œil dans le rétroviseur, entre chiffres et anecdotes !

  • 1987. Alors que la première édition (1986) du festival est portée par la ville de Brest, l’association Côte Ouest est créée pour prendre le relais, sous la houlette d’Olivier Bourbeillon et de Gilbert Le Traon. Le festival brestois compte parmi les plus anciens du genre en France, avec celui de Clermont-Ferrand et de Villeurbanne.
  • 150. C’est le nombre de films qui candidatent à la première édition du festival, pour 30 qui sont ensuite projetés. Depuis une dizaine d’années, le festival en reçoit entre 1 500 et 2 000, pour une moyenne de 150 films projetés.
  • 1989. Après trois premières éditions au Mac Orlan, le festival migre vers Le Quartz, qui vient d’ouvrir ses portes, en avril 1988.
    Ils sont passés au festival du court ! De Claude Zidi, président du jury de la première édition, à Mathieu Kassovitz, en passant par Jean-Pierre Jeunet, Marion Cotillard, Vincent Lindon ou Peter Greenaway, les grands noms du 7e art, et ceux qui allaient le devenir, sont passés par Brest.
  • 22 000. Le nombre de spectateurs qui ont profité du festival l’an dernier, quand l’événement a repris ses quartiers dans un Quartz refait à neuf.

Le festival fête ses 40 ans cette année : découvrez les membres du jury et la programmation, adaptée à tout public.

Si tu ne viens pas à la culture, la culture viendra à toi !
En 2024, Passerelle avait ainsi installé un atelier de graphisme éphémère, au cœur de Bellevue. Une belle réussite, qui avait séduit nombre d’habitants. Depuis l’an dernier, La Carène, elle, investit le grand quartier de Kerourien-Valy Hir. 

Des haltes garderies aux écoles en passant par la MPT, l’équipe de la salle des musiques actuelles est à l’écoute des aspirations des enfants, des ados, des parents et des acteurs du quartier, pour mieux proposer musiques à leur pied. Une quinzaine d’artistes y interviennent régulièrement.

Une dynamique qui répond à celle portée, non loin, par le Mac Orlan.  Depuis deux ans, un travail de dentelle est entrepris dans les quartiers de la rive droite. Cette année, deux projets sont au programme, avec des élèves du lycée Dupuy-de-Lôme. Au menu : danse et création radiophonique en immersion avec les artistes. De quoi rapprocher les plus jeunes publics de cette culture qui peut leur faire peur, alors qu’elle n’entend que les épanouir !
Le Quartz a lui aussi, soutenu par la ville de Brest, fait le choix du hors les murs, à travers un projet ambitieux de jumelage de quatre ans avec le quartier de l’Europe

Le projet Surgissements du théâtre du Centaure a donné le ton le 20 septembre, en débarquant sa poésie équestre au pied des tours… et ce n’est qu’un début ! Dans les prochains mois, une résidence d’artistes, et la venue d’une compagnie de nouveau cirque pour trois semaines sont notamment au programme !

Se regrouper pour mieux s’ouvrir au plus grand nombre, et bâtir ensemble de nouveaux horizons. D’ici au printemps 2027, un nouveau lieu, carrefour des possibles du son et de l’image ouvrira en plein cœur de Brest, au 8, rue Victor Hugo. Porté par quatre associations (Cinémathèque de Bretagne, Longueur d’ondes, Côte Ouest et son festival du court-métrage et Cinéphare), ce nouveau lieu qui cherche encore son nom a en tout cas trouvé son cap ! 
Dans cette immense bâtisse de 1 500 m², l’avenir s’écrit déjà, en plans et perspectives, pour faire du site un lieu public, dédié à l’image et au son. Un « lieu culturel qui manquait à Brest », résument en souriant les porteurs du projet.

La création à l’œuvre

Soutenus par la ville de Brest, la Région Bretagne, le conseil départemental du Finistère et le Centre national du cinéma, les quatre partenaires ont dessiné la silhouette du site. Dans les étages, chacun pourra ainsi poursuivre ses activités propres, de la conservation et de la restauration d’images pour la Cinémathèque, à la promotion des expressions radiophoniques et cinématographiques pour Longueur d’ondes, Cinéphare et Côte Ouest.
Mais c’est en rez-de-chaussée, dans une magnifique agora, que le lieu prendra vie, avec des studios d’enregistrement sons et images, des ateliers de restauration de films, des espaces d’éducation à l’image, mais aussi une salle de diffusion de 70 places… « Il faudra aussi que les associations et les acteurs culturels du territoire s’emparent de ce lieu, pour le faire vivre par des spectacles, des expositions, des débats… », espèrent les porteurs du projet. Générique d’ouverture au public prévu au printemps 2027 !

  • Un homme debout sur un banc et des personnes attablées tout autour
    Au coeur de Saint-Pierre, à Brest, le Maquis et ses “maquisards” réservent un accueil inconditionnel à celles et ceux qui s’estiment laissés-pour-compte. - ©Le Maquis
  • Un groupe de musique sur scène
    Pour des générations entières, l’espace Léo Ferré de la maison de quartier de Bellevue-Kerinou fait ressurgir des souvenirs. - ©Maison de quartier de Bellevue-Kerinou
  • Un homme posant sur une chaise
    Emmanuel Richard, directeur-programmateur de l’Avel Vor - ©Damien Goret
  • Un rond sur plusieurs murs
    La Piscine a accueilli quelque 6 000 personnes durant l’exposition George ousse - ©Damien Goret

Au cœur de Saint-Pierre, à Brest, le Maquis et ses “maquisards” réservent un accueil inconditionnel à celles et ceux qui s’estiment laissés-pour-compte : « Depuis 2012, quand nous nous sommes installés ici, le collectif a toujours été notre maître-mot, résume Lionel Jaffrès, fondateur du Maquis mais également metteur en scène du théâtre du Grain, une des compagnies résidentes. Tous ceux qui passent cette porte le font en sachant qu’ici, face à la violence du monde, ils ne sont pas seuls. »

Lieu-refuge « où on se confronte aux autres, parce que c’est ainsi qu’on fait vivre la démocratie », le Maquis est une vraie bulle dans laquelle on vient « exprimer artistiquement ses éventuelles colères plutôt que de s’enfermer dans la haine ». Chaque jour, chaque semaine, se déroulent ici des chorales, des gueuletons entre artistes et habitants

Parmi les projets nés ici et portés, notamment, par le théâtre du Grain, le dispositif Ressorts permet à des personnes aux minima sociaux de découvrir les joies du théâtre. Citons aussi Fenêtres ouvertes, dont la 6e édition s’est tenue cet été : huit quartiers brestois visités, en lien avec les équipements de quartiers, et des familles entières réunies autour de spectacles joués au pied des tours. Créé au sortir du confinement, à la demande des habitants de Kerourien, le festival n’a, depuis, pas ouvert que les fenêtres : il a aéré les esprits !

Pour des générations entières, l’espace Léo Ferré de la maison de quartier de Bellevue-Kerinou fait ressurgir des souvenirs émus. Ceux des premiers concerts pour de nombreux groupes locaux, notamment. « Mais on s’est aperçus que la sono était en fin de vie, menaçant de lâcher après quinze ans de bons et loyaux services… Et pour la changer, nous n’avions pas le budget », explique Jean-Philippe Demolder, directeur de la maison de quartier.

Qu’à cela ne tienne : la quinzaine d’associations utilisatrices du lieu se mobilisent en début d’année. « Ils ont mis en place des concerts de soutien, pour abonder le budget. Et la cagnotte est montée à 8 300 euros ». Une jolie somme complétée par la ville de Brest, pour 5 000 euros… 

Dans la foulée, tout le système son a pu être changé, redonnant un nouvel avenir à cet espace qui accueille des concerts amateurs ou semi-professionnels chaque semaine, entre dub, punk, rock ou jazz. « On est une sorte de tremplin pour beaucoup d’assos locales qui se lancent dans l’organisation de concerts. Elles se font la main ici, et peuvent rentrer dans leurs frais entre la billetterie et la buvette », note Thierry Trémintin, chargé d’action culturelle de l’espace Léo Ferré. 

Le tout soutenant une vraie dynamique culturelle de proximité, ouverte au plus grand nombre : « Nos tarifs de location font que les associations peuvent proposer des entrées à 5 euros en moyenne », rappelle Jean-Philippe Demolder. Une offre pour toutes et tous donc, que l’arrivée de la desserte en tramway, en février 2026 rendra encore plus accessible.

À Plougastel, l’espace Avel Vor fête ses 20 ans cette année. 
Rencontre avec Emmanuel Richard, directeur de la salle depuis 2021.

Pouvez-vous refaire un peu l’histoire de l’Avel Vor ?

À l’origine, l’Avel Vor se voulait bien une salle de spectacles, mais rien ne la prédestinait à organiser tant de dates à l’année, ni même à recevoir des grandes stars comme elle a pu en accueillir et comme elle va en accueillir encore, à l’image de Garou en décembre 2026.

Justement, qu’est-ce qui explique que la salle ait été “courue” à ce point ?

Il faut reposer le contexte de l’époque : sur le territoire, il n’y a alors ni La Carène ni Brest Arena, par exemple. L’Avel Vor a répondu à un certain be-soin, d’autant que la salle était bien située géographiquement : elle faisait, et elle fait encore, venir du public du sud Finistère. Par ailleurs, sa jauge très modulable, allant de 300 personnes à 2 000, la rend séduisante pour des programmateurs qui savent qu’ils peuvent y organiser toutes sortes de spectacles.

Comment s’envisage l’avenir de la salle ?

Il y a eu une ambition, il y a 20 ans, de la construire. Il y a l’ambition, au-jourd’hui, de continuer à y investir afin de garder la salle toujours à la pointe pour y attirer les artistes. Pour le reste, on est dans un espace de spectacles mais également dans un équipement socioculturel qui accueille les associations, les scolaires, des événements comme le don du sang… C’est ça, le futur et la force de l’Avel Vor : demeurer un espace pluridisci-plinaire proposant une vraie programmation culturelle.
 

Et pourquoi ne pas transformer une demeure familiale en galerie où il serait question de sensibiliser à l’art contemporain ? 

C’est de ce postulat que sont partis Michel Cam et Anne-Laure Maison en créant La Piscine, à Brest. « J’ai fait le choix de m’installer au sein de ce haut de Jaurès très cosmopolite où j’ai passé toute mon enfance, et je voulais contribuer à dynamiser le quartier », annonce Michel Cam. « Et puis l’art au service de tous, qui créé du lien social, on a vu à quel point cela avait fonctionné quand on a monté des projets avec l’Armée du salut, par exemple, dont les usagers avaient pourtant bien d’autres préoccupations », le rejoint sa compagne.

C’est donc dans cette optique qu’a ouvert La Piscine, marquant récemment les esprits avec l’accueil de l’artiste Georges Rousse. « La Piscine doit être un laboratoire qu’on veut ouvert à tous, posent encore les deux artistes. Parce que la plus belle des victoires, c’est de voir des gens rentrer ici alors qu’ils n’osaient pas, de leur donner des clés pour comprendre ce qui s’y déroule, et de les entendre remercier quand ils sortent. »

La Piscine a accueilli quelque 6 000 personnes durant l’exposition Rousse, dont une œuvre décore aujourd’hui la façade du lieu et une autre habille le blanc immaculé de l’espace d’exposition (photos). De nombreux enfants des écoles brestoises s’y sont rendus, tout comme des structures du champ du handicap. 

Le lieu s’apprête à accrocher une nouvelle exposition événement, dès le 5 décembre. Cinquante-quatre estampes historiques de Kuniyoshi, l’un des maîtres du genre, y dialogueront avec des scènes réalisées en intelligence artificielle par le Crozonnais David Boisseaux-Chical.