Dans les médiathèques, toute une vie en rayons

Publié le 27/01/2025

Depuis une dizaine d’années, les huit médiathèques brestoises ont emprunté un beau virage : celui d’être bien plus qu’un simple espace de consultation ou d’emprunts de documents.

une famille qui lit à la bibliothèque
Dans les médiathèques, toute une vie en rayons - ©Nacer Hammoumi

Comme il semble loin, le temps des bibliothèques sanctuaires où les rayons de livres succédaient aux rayons de livres, où le silence imposait le silence. Il y a une dizaine d’années de cela, les équipements brestois ont en tout cas bel et bien délaissé cette impression qui collait à la peau des bibliothèques, pour se transformer en lieux de curiosités. « Aujourd’hui, chacune des huit médiathèques brestoises répond à une volonté, analyse ainsi Bénédicte Jarry, directrice du réseau des médiathèques de Brest : celle de proposer une vision élargie de ce qu’est la culture actuelle et de s’imposer dans la vie des gens comme un lieu du quotidien. »

L’effervescence de la vie

Espace de sociabilité sans frontières, les médiathèques brestoises ont laissé tomber le costume étriqué du simple lieu de lecture, préférant au silence monastique l’effervescence de la vie.

Si on y lit toujours, on y participe aussi à des ateliers créatifs, à des conférences, à des projections. On s’y forme. On s’y enrichit, tout simplement. Sans pour autant renier ce qui est la raison d’être d’un tel équipement, à ceci près qu’on n’y emprunte plus uniquement des livres, mais aussi facilement des jeux de société, des DVD ou des CD, ou encore tout le matériel nécessaire à la lecture de ces divers supports (lecteurs DVD, liseuses, tablettes…). Et, avec leurs 400 000 documents en libre-service et plus d’un million de prêts réalisés sur l’année, c’est dire à quel point les médiathèques brestoises ne chôment pas, et à quel point les Brestoises et les Brestois ont de l’appétit pour les richesses qu’ils savent trouver dans les équipements de leur ville (lire page suivante).

Liberté infinie

Franchir les portes d’une média­thèque de Brest aujourd’hui, c’est donc faire l’expérience d’une liberté presque infinie. Car quel autre endroit dans la ville peut ainsi se targuer de proposer assez d’activités gratuites pour y passer toute une journée ? Aucun, tout simplement.

Car les livres ne sont, là encore, plus l’unique trésor soigneusement gardé par les médiathèques brestoises, où le numérique a littéralement explosé (lire page IV), selon une tendance que n’aura fait que confirmer l’arrivée de la médiathèque François Mitterrand – Les Capucins en 2017. Ici, une famille allume une console de jeux vidéo. Là, deux étudiants à l’écart échangent autour d’un logiciel photo. Plus loin, là-bas, c’est une dame plus âgée qui apprend à utiliser une boîte mail. Un condensé de la vie en un seul lieu, dans lequel on vient chercher inspiration, savoir, mais aussi divertissement et lien social…

Parole d’élu

« Dans les écoles ou les quartiers, auprès des personnes âgées ou même à la maison d’arrêt… Depuis de longues années, et à la faveur de nombreux partenariats avec les autres acteurs culturels de la ville, les médiathèques brestoises favorisent l’accès à la culture pour toutes et tous. À ce titre, les actions qu’elles mènent s’inscrivent parfaitement dans la politique générale de la collectivité, et ont également permis à la ville d’acquérir le label 100 % éducation artistique et culturelle. »

Réza Salami, adjoint au maire de Brest en charge de la culture

Les médiathèques en chiffres

  • 700 000

    Le nombre d’entrées annuelles sur l’ensemble des médiathèques.

  • 1,3 millions

    le nombre de prêts réalisés sur l’année (jeux, livres, documents…)

  • 19,6 %

    Le nombre total d’emprunteurs

  • 400 000

    Le nombre de documents en libre-service dans les médiathèques.

Numériquement vôtre

À l’heure où le numérique s’est imposé comme un incontournable de nos quotidiens, les médiathèques offrent aussi à celles et ceux qui ne seraient pas équipés le nécessaire pour rester “connectés”. Outre la possibilité d’utiliser le matériel mis à disposition gratuitement, des ateliers d’initiation ou des conférences plus techniques (intelligence artificielle, arnaques…) sont régulièrement proposés, en lien avec les mairies de quartier et leurs médiateurs numériques, présents pour accompagner les utilisateurs et utilisatrices.

Usages et contenu

Pour autant, si numérique signifie accompagnement des usages, il signifie aussi contenu. Et, dans ce champ-là aussi, le réseau des médiathèques de Brest est riche ! Entre la possibilité de choisir son film sur un système de vidéo à la demande, celle de consulter la presse en ligne ou de se former à distance à de nombreuses compétences (langues, couture, sports, code de la route, gastronomie…), les équipements brestois suivent inlassablement la voie de l’innovation. En 2021, en lien avec la Bibliothèque nationale de France, ils ont ainsi lancé Yroise, première bibliothèque patrimoniale brestoise, assurant par là même une meilleure valorisation de leur fonds ancien en ligne. À ce jour, plus de 250 000 pages sont consultables sur Yroise, dont de vrais trésors !

La culture hors-les-murs

Loin d’être cantonnées derrière leurs murs, les médiathèques brestoises mènent un grand nombre d’actions hors-les-murs. Si elles se déplacent dans les crèches et autres garderies, elles animent également les fêtes de quartier et vont également dans les résidences pour personnes âgées proposer des temps dédiés à la lecture et à la discussion. Des dispositifs plutôt “classiques” mais qui, plus largement, les amènent à se tourner vers les publics dits “empêchés”. Ainsi les professionnels du livre se déplacent-ils à la maison d’arrêt de Brest, à la faveur d’un partenariat, pour y animer un club de lecture, tandis que la bibliothèque de la prison est renouvelée tous les trois mois.

Autres exemples de cette volonté d’ouvrir au maximum de personnes le plaisir de la lecture : le dispositif “Des livres à soi” se décline dans différents centres sociaux et quartiers de la ville, pour apprendre aux parents demandeurs à raconter des histoires.

Un fonds “Facile à lire”

Dernier exemple en date : l’inauguration récente d’un fonds “Facile à lire” à la médiathèque de Lambézellec, pour compléter celui qui existe déjà à la médiathèque François Mitterrand-Les Capucins, et qui s’adresse principalement aux primo-arrivants ou à celles et ceux qui, pour diverses raisons, auraient un jour perdu l’habitude de la lecture.

Les bibliothèques ne font “pas de quartier” !

S’il faut tenter de trouver un point positif à la crise sanitaire de 2020, c’est sans doute le fait qu’elle a obligé les collectivités à réinventer certaines façons de faire, pour entretenir le lien social et la solidarité au moment des confinements.

À Brest, les médiathèques municipales ont alors su faire preuve d’ingéniosité pour garantir une culture la plus démocratique possible, en imaginant, avec les structures de quartier, le dispositif des bibliothèques de rue. Face au succès remporté par l’opération, l’habitude est restée, et les vacances scolaires d’été continuent donc de voir les médiathèques faire le mur, et investir les jardins publics et les espaces verts des quartiers brestois. Une manière d’aller à la rencontre des enfants et de leurs familles, en leur proposant, par le biais d’un dispositif léger, des livres, des histoires ou des jeux.

La bibliothèque se fait itinérante

Toujours dans ce même esprit de partage et d’accessibilité, les médiathèques de la ville ont investi il y a quelques années dans un drôle d’objet roulant baptisé le “bibliambule”, du nom de ce vélo électrique sur lequel est chargée une véritable petite bibliothèque. Avec ses hamacs qui se déploient de la structure centrale, le “bibliambule” s’installe ainsi en différents endroits de la ville et participe à des rassemblements festifs, offrant au public des petites pauses lectures accessibles.

une personne qui lit un livre à des enfants dans un quartier de Brest
Les bibliothèques ne font “pas de quartier” ! - ©Nacer Hammoumi