Libération de Brest : un jeu pour mémoire
À l’heure du 80e anniversaire de la Libération, la ville et l’Éducation nationale ont sorti un document d’une force rare, à destination des élèves de toutes les écoles brestoises.
Un livret pour les enseignants. Une carte de la ville de Brest en 1944 pour plateau de “jeu”. Des fac-similés d’une qualité superlative. Des fiches de personnages contextualisant l’histoire et leur rôle à l’époque…

Le devoir de mémoire
C’est bien une sorte de jeu de société (lire par ailleurs) d’une évidente pédagogie et d’une réalité historique éprouvée sur la Libération de Brest qui a été diffusé dans toutes les écoles brestoises, dédié aux élèves de CM2.
« Un travail impressionnant et un résultat magnifique, salue François Cuillandre, maire de Brest. La ville et l’Éducation nationale ont travaillé main dans la main pour que ce document soit remis aux écoles brestoises dans un esprit de transmission nécessaire. »
Pédagogique et interactif
Pour parvenir à ce résultat, la ville de Brest s’est appuyée sur un comité scientifique de cinq membres : Christian Bougeard et Jean-Yves Guengant, historiens ; Yan Le Gat et Olivier Polard, professeurs d’histoire et Jacqueline Sainclivier, historienne. Le document s’impose ainsi comme un outil pédagogique et interactif pensé pour que les élèves soient acteurs de leur apprentissage. Édité à une soixantaine d’exemplaires distribués à toutes les écoles brestoises, “1944, la Libération de Brest” est également disponible dans les médiathèques de la ville.
Parole d’élu
« Le 80e anniversaire de la Libération de Brest est un événement que nous tenons à honorer. Des cérémonies se sont déroulées, des plaques commémoratives ont été posées dans l’espace public pour le souvenir… Mais nous avons voulu aller plus loin dans le devoir de mémoire, et le support “1944, la Libération de Brest” témoigne de cette volonté de ne jamais oublier l’Histoire, et de transmettre sa mémoire. »
Eric Guellec, adjoint au maire de Brest en charge des associations patriotiques et les anciens combattants
Un comité scientifique à la manœuvre
Dans chaque école, « il devrait permettre aux élèves, par groupe de 5 ou 10 selon les classes, de s’approprier l’histoire de la “Bataille de Brest” et d’élargir leurs connaissances sur la Seconde Guerre mondiale », témoigne Jean-Yves Guengant.
Les règles du jeu
- Le jeu est calibré pour tenir sur une heure de temps environ et se joue de 5 à 10 groupes
- 10 fiches de rôle (ouvrier de l’arsenal, résistant…) sont à disposition et chaque groupe en reçoit une
- Chaque groupe incarne son personnage et doit réaliser les missions dédiées en explorant les documents à disposition et en échangeant avec d’autres groupes
- Une fois que chaque groupe a achevé ses missions, qui se rapportent toutes à des moments clés de la Bataille de Brest, la classe réalise une frise chronologique qui retrace la Libération de la ville.

Jean-Yves Guengant, historien
« Un support pour fixer des idées précises sur un fait marquant »
Vous avez fait partie du comité scientifique. Comment “1944, la Libération de Brest” a-t-il été créé ?
J’ai effectivement travaillé sur le support pédagogique, en compagnie de nombreuses personnes. Le service patrimoines de la ville ainsi que les archives municipales ont beaucoup apporté, en même temps que des historiens locaux parmi lesquels Olivier Polard, Gildas Priol ou Yan Le Gat, dont le regard a été très intéressant dans le sens où il savait comment mettre l’Histoire à hauteur d’enfant.
Notre rôle a d’abord été de fixer une chronologie simple, car il n’y a pas d’histoire sans chronologie.
Nous avons décidé de nous concentrer sur le siège de Brest uniquement, et d’opter pour une zone géographique précise : celle du “grand Brest” de l’époque, à savoir la ville et ses communes voisines, qui ont fini par faire le Brest d’aujourd’hui.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Nous possédions la matière nécessaire, mais on ne pouvait pas se contenter de livrer tout ça de manière brute à des élèves ! Pour les intéresser à la question, il fallait qu’ils soient acteurs de l’histoire. C’est là que Gildas Priol a eu l’idée d’inventer des personnages, pour plonger les enfants dans un jeu de rôles qui amènerait des interactions dans les groupes, par le biais de documents de grande qualité. Le tout en ne leur apportant pas une vision manichéenne des faits, mais avec la volonté de leur donner le sens de ce qui appartient au passé et de ce qui constitue le présent.
Qu’attendez-vous désormais de “1944, la Libération de Brest” ?
En tant qu’ancien professeur d’histoire, je suis curieux de voir comment les élèves vont se saisir des documents et comment ils vont fonctionner. Je pense qu’il s’agit d’un support intéressant dans le sens où il permet de fixer des idées simples et précises sur un fait historique d’autant plus marquant qu’il s’est déroulé sur leur territoire. On est dans un document d’histoire locale qui peut sans doute aider les enfants à s’ouvrir à l’histoire plus générale de la période.
La Bataille de Brest
Occupée depuis le 19 juin 1940 et soumise à des raids aériens destructeurs et coûteux en vies humaines, Brest n’est, en 1944, plus que l’ombre d’elle-même. Alors que les troupes alliées débarquent en Normandie le 6 juin 44, la cité du Ponant vit, à compter du 7 août, au rythme de la Bataille de Brest. Elle s’achève le 18 septembre 1944 avec la reddition du général Ramcke et de ses troupes.
Les chiffres sont dramatiques :
- 43 jours de combats
- environ 500 victimes civiles
- plus de 40 000 réfugiés Brestois en août 1944
- entre 3 000 et 4 000 soldats allemands tués
- plus de 2 600 morts dans les rangs américains