Libération de Brest, 80 ans de mémoire vive
Septembre 2024. Le 19 septembre, Brest célébrera sa Libération, en 1944. 80 ans après, l’heure est au devoir de mémoire et de transmission aux nouvelles générations.
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C’était le 19 septembre 1944. Après six semaines de siège, Brest est libérée par les divisions américaines alliées. La ville n’est plus que l’ombre d’elle-même, dévastée par une bataille d’artillerie qui la laisse exsangue. Six ans plus tard, la reconstruction a démarré, les exilés du siège ont trouvé refuge dans les Baraques, et la Brest que l’on connaît aujourd’hui se compose doucement. Demeurent les souvenirs, et l’absence de celles et ceux qui ont donné leur vie pour en arriver là.
« Mais 80 ans après, on passe un cap, les mémoires s’éloignent, avec la disparition des derniers acteurs et témoins. Aujourd’hui, on est dans un moment de basculement de la mémoire vers l’Histoire », souligne Gildas Priol, intervenant mémoriel à Brest et spécialiste de la Seconde Guerre mondiale.
Un livret pour l’Histoire
C’est dans ce contexte que la ville de Brest fait cette année le choix de marquer avec force le 80e anniversaire de sa Libération. En ouvrant largement les cérémonies de commémoration au plus grand nombre et notamment aux scolaires, mais aussi en allant plus loin. « Le fil rouge de cette commémoration sera celui de la nécessaire transmission aux jeunes générations, pour honorer l’histoire et celles et ceux qui s’y sont illustrés. C’est pourquoi nous avons fait le choix de créer un livret pédagogique autour de la Libération de Brest, à destination des enseignants de CM2 de toutes les écoles brestoises », explique Eric Guellec, adjoint au maire de Brest en charge des relations avec les associations patriotiques et les anciens combattants. Ce livret, en cours d’élaboration, est réalisé dans le cadre d’un partenariat fort entre la ville et l’Éducation nationale.
Comité scientifique
Un comité scientifique, composé de Jacqueline Saintclivier, historienne, ainsi que de Christian Bougeard, Jean-Yves Guengant, Olivier Polard et Yan Le Gat, historiens, planche actuellement sur la forme que prendra ce document. « La destruction de la ville sera l’un des points centraux. L’idée est de donner suffisamment de matière aux enseignants pour qu’ils puissent transmettre aux enfants ce qu’a pu être cette période, ici à Brest mais aussi ailleurs dans le monde. En CM2, on doit pouvoir approcher le passé au plus près… Cela peut, peut-être, permettre d’éclairer l’avenir », estime Jean-Yves Guengant.
Ce document, labellisé “80 ans de la Libération” par la Préfecture du Finistère, sera remis aux enseignants brestois au printemps 2025.
Parole d’élu
Eric Guellec adjoint au maire en charge des relations avec les associations patriotiques et d’anciens combattants
« Les 80 ans de la Libération de Brest, ce n’est pas seulement se rappeler des mois d’août et septembre 1944. C’est aussi honorer les femmes et les hommes qui ont su résister pendant des mois et des années avant, par amour du pays, de l’égalité et de la fraternité »
Des bases pour l’avenir
Dans les classes, les enfants brestois pourront ensuite se construire “leur” mémoire, et avancer en ayant conscience de l’héritage que leur ont laissé « celles et ceux qui ont donné leur vie pour faire d’eux aujourd’hui les citoyens d’un pays libre », estime Yann Gauthier, du Souvenir français, association mémorielle. Même analyse du côté de l’Union nationale des anciens combattants : « Il ne faut jamais oublier que si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que d’autres se sont battus pour que nous puissions vivre libres », confirme François Sevin, membre de l’UNC.
Brest, ville médaillée de la Légion d’honneur, de la Résistance et de la Croix de Guerre, entend donc faire œuvre de mémoire, pour l’avenir. Sur le fronton de l’hôtel de ville, au moment des commémorations, chacun pourra lire les mots de Churchill : « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».