Shérazade Louahab, le quartier au cœur
Faire avec et pour les habitants. À Quéliverzan comme au Valy-Hir, Shérazade Louahab et l’équipe de la MPT de ce grand quartier mettent ce mantra en œuvre au quotidien. Avec un bonheur non dissimulé.

Devant le nouveau local associatif de Quéliverzan, Shérazade Louahab rayonne. La jeune directrice de la Maison pour tous du Valy Hir sait tout ce que ce lieu va apporter au quartier, à ses habitants.
Elle n’a pas donné rendez-vous là pour rien, alors même qu’en ce mois de juillet, tout est encore à faire pour aménager les 300 m² du local qui ouvre en cette rentrée de septembre. « L’ancien local avait vécu. Dans le cadre du renouvellement urbain, la ville, BMH et la CAF ont mis les moyens, pour que nous disposions d’un beau lieu. C’est pour nous une vraie fierté, la reconnaissance de la valeur du travail que nous faisons ici… Et avant tout la reconnaissance de l’importance des habitants du quartier dans la ville », glisse-t-elle.
Le sel du terrain
Les habitants d’abord, toujours. C’est son mantra, qu’elle met en œuvre, à tous les coins de rue. Le temps de l’interview, elle se pose derrière les grandes tours tout juste réhabilitées, au cœur du jardin partagé. Se relève aussitôt pour saluer l’une des habituées. Le dialogue se lance, et la directrice s’arrête sur un graffiti posé sur la cabane à outils. S’inquiète de cette incivilité certes mineure, soupire… Puis se retourne vers la jardinière du jour, écoute son quotidien, la conseille sur la meilleure voie pour faire élaguer les arbres qui font trop d’ombre au jardin. « Je suis moins sur le terrain qu’avant, alors j’en profite ! Je suis directrice, mais mon métier de cœur, ça reste animatrice ! Or, pour les gens ce n’est pas toujours évident d’oser appeler la mairie… Nous, on sert souvent d’intermédiaires, on les encourage à agir, en tant qu’habitants, acteurs de la cité ».
mini bio
25 octobre 1983 : naissance à Noisy-le-Sec
1995 : débarque à Brest
2006 : premier stage à la MPT du Valy Hir
Juin 2023 : prend la direction de la MPT
Collectif
C’est bien là tout le sens de ce qu’elle et ses pairs de la MPT mettent en œuvre au quotidien. Et le local associatif flambant neuf est un outil de plus, pour embarquer d’autres habitants : « Depuis que je suis arrivée dans cette MPT, j’y retrouve mes valeurs : la mixité, la solidarité. L’envie de faire des choses avec, et pas à la place, des gens. La certitude que l’on peut émanciper les habitants par le collectif ».
Alors, dans ce quartier prioritaire récemment réhabilité, l’importance de la réouverture du local associatif revêt une importance cruciale. « Il y a ici une vraie dynamique de quartier, et on fait toujours avec et pour les habitants. C’est pour ça qu’il faut qu’ils s’emparent de ce nouveau local. On aura des activités pour tous, des permanences pour les droits… et puis les ateliers bidouille, évidemment ! ». Les quoi ? « Les ateliers bidouille ! Beaucoup, ici, parce qu’ils occupent des emplois précaires ou n’ont pas de diplôme, se disent qu’ils n’ont pas de richesse. Mais bricoler ou faire la cuisine, c’est une richesse, et ça se partage ! Et ça valorise chacun, dans le collectif ».
Citoyenneté
Pétrie d’espoirs, nourrie de l’histoire collective de ce quartier, Shérazade Louahab couve du regard ce local tant attendu. Rappelle aussitôt qu’une partie des meubles a été conçue avec les enfants de l’école, avant que les habitants n’y posent, cet été, la dernière touche. « Quand on implique les gens dès le départ, c’est une facilité pour eux, ensuite, de se sentir le droit d’entrer, de s’approprier les lieux… et d’occuper leur rôle de citoyen du quartier, de la ville », espère-t-elle.
Balises
"Quand je suis arrivée, j’ai mis du temps à m’adapter : je la trouvais grise et moche… Mais aujourd’hui, elle me paraît belle ! Ici les gens sont ouverts, c’est tellement chouette ! Et on a ce cadre de vie incroyable ! Cette ville, une fois qu’on l’a adoptée, on ne veut plus en partir !"