Entretien avec François Cuillandre

Mise à jour le 06/10/2025

Article paru dans Sillage 277. Comme chaque année, François Cuillandre, président de Brest métropole et maire de Brest, fait le tour des grands dossiers qui, en cette rentrée 2025, figurent à l’agenda métropolitain.

  • Le convoi exceptionnel de la rame de tramway sur le pont de l'Iroise
    Le 17 septembre, la première rame de la ligne B a fait son entrée à Brest. - ©Mathieu Le Gall
  • Vue en contre plongée sur un immeuble repeint en noir
    A Quéliverzan, 400 logements ont été récemment livrés. - ©Julien Creff

Quelle est l’actualité de la métropole en cette période de rentrée ?

Comme chacun peut le voir, le chantier de Mon réseau grandit progresse à un rythme soutenu. La ligne A du tramway, qui avait été interrompue cet été entre les stations Château et Jean-Jaurès, a repris son service normal le samedi avant la rentrée scolaire. Les ouvrages d’arts avancent bien et vont être livrés progressivement. La première rame de la nouvelle ligne est arrivée mi-septembre. Les autres vont suivre et leurs premiers essais débuteront fin octobre.
La mise en service du nouveau réseau avec la nouvelle ligne de tramway entre la gare et l’hôpital de la Cavale Blanche et le Bus à Haut niveau de service entre la gare et Lambézellec interviendra le premier week-end des vacances scolaires de février, les 14 et 15 février. Avec la livraison progressive de nouveaux pôles d’échanges multimodaux, les habitants des huit communes de la métropole vont découvrir un réseau totalement remodelé avec de nombreuses améliorations en termes d’amplitudes horaire, de fréquences et de dessertes.

Pourquoi cette date ?

Cette date correspond au meilleur compromis entre deux nécessités. Offrir le plus rapidement possible aux usagers de Bibus les bénéfices de ce nouveau réseau qui aura occasionné beaucoup de gêne pendant la phase de travaux. 
L’autre nécessité est liée à la période de vacances scolaires. Faire la bascule entre deux réseaux est une opération complexe pour l’exploitant. En période de vacances, la fréquentation est plus faible et cette bascule est alors plus facile à réaliser.

Mais ce n’est pas le seul chantier en cours sur le territoire…

Non, à côté de ce très grand projet structurant, nous avons une multitude d’autres chantiers. Certains sont articulés avec Mon réseau Grandit, comme l’aménagement du parking des Glacis-centre-ville, rue Duquesne. Il viendra renforcer l’offre de stationnement en centre-ville, avec une capacité de 216 places.
D’autres chantiers concernent la rénovation de nos réseaux d’assainissement ou l’extension du réseau de chaleur. Ce sont des chantiers lourds mais structurants pour l’avenir, avec pour bénéfice une meilleure gestion de l’eau et de l’énergie.
D’autres chantiers encore ont pour point commun l’amélioration de notre cadre de vie. Je pense à l’aménagement de la promenade du Moulin Blanc, rue de Palaren, qui offrira une belle promenade dans un secteur très apprécié par les habitants de la métropole. 
Il y a également l’aménagement de la place de la Tour d’Auvergne, ou celui du centre bourg de Guipavas. Ces chantiers apportent leurs lots de désagréments, mais c’est le signe d’une métropole qui continue d’aller de l’avant.
Le contexte national et international est pourtant chargé d’inquiétudes…
Face à ce contexte et aux incertitudes que je ne peux commenter ici, les collectivités ont un rôle important. Elles représentent une forme d’îlots de stabilité. La solidité de notre gestion financière nous permet de continuer notre action avec trois préoccupations : maintenir un bon niveau de service public local, maintenir nos dispositifs de soutien vers les publics les plus fragiles et poursuivre les investissements qui garantissent l’avenir des huit communes de la métropole, et plus largement de l’ouest breton.

Comment se présente le mois d’octobre ?

Trois événements vont marquer le mois. Le Forum de l’économie, qui, comme tous les ans va réunir l’ensemble des forces vives de notre agglomération. C’est un moment important avec plus de 1 000 participants chaque année. Il symbolise notre dynamisme et la méthode que nous avons choisie pour conduire notre Stratégie de développement économique (SMDE) : faire ensemble, réunir le maximum d’acteurs autour d’objectifs communs. C’est une méthode qui marche et que de nombreux territoires nous envient.
Je retiens également la journée mondiale de lutte contre la misère, le 17 octobre, qui nous permet de réaffirmer l’importance des solidarités envers les plus fragiles. Enfin, en octobre nous aurons un conseil métropolitain

Avec des décisions importantes à prendre ?

Comme pour tous les conseils métropolitains, mais un dossier est particulièrement attendu : la mise en compatibilité de notre plan local d’urbanisme (PLU) avec le projet de stade dans le secteur du Froutven. 
Après sa déclaration d’intérêt général par l’État et les conclusions favorables de la commission d’enquête publique, c’est une nouvelle étape clé pour la réalisation du projet de nouveau stade Arkéa Park qui conditionnera la possibilité de délivrer le permis de construire.

Quelles sont les autres problématiques qui vous préoccupent ?

Elles sont les mêmes que tous les Français : la sécurité et le logement. Concernant la première, nous poursuivons la mise en œuvre de la convention de coproduction de la sécurité que nous avons avec l’État. Elle porte ses fruits. Pour dégager encore des moyens à la police, nous avons décidé en septembre de prendre en charge l’enlèvement des véhicules épaves qui empoisonnent la vie dans les quartiers. 
Nous avons également initié un important travail, avec le procureur, le préfet et les maires, dans le cadre du contrat métropolitain de sécurité et de prévention de la délinquance autour de la lutte contre le narcotrafic. Brest, avec 14 autres villes françaises, a remporté un appel à projet initié par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) pour limiter l’implication des mineurs dans le trafic de drogue. Un rapport du Sénat l’a démontré : plus aucun territoire  n’échappe à la montée de cette problématique. Le trafic de drogue est devenu la principale source de délinquance. Face à cette situation, il est important qu’à côté des actions de répression de la police et de la justice, nous nous engagions en soutien, notamment par ce programme de prévention.

Et le logement ?

Nous sommes dans un contexte national difficile, un ralentissement de la production de logements avec des besoins très importants. Nous sommes aussi face à un double défi : continuer à produire des logements neufs, mais aussi réhabiliter le parc de logements anciens.
Dans ce contexte, notre objectif de production de 1 300 logements par an fixé par notre Programme local de l’habitat est tenu. Les chantiers menés sur Bellevue et Recouvrance-Queliverzan dans le cadre du NPNRU avancent bien. Nous venons de livrer 400 logements rénovés à Queliverzan. Pour les locataires, c’est une formidable évolution. Ils disposent, grâce à cette rénovation, de logements mieux isolés, plus faciles à chauffer l’hiver, moins chauds l’été.

Un dernier message pour les habitantes et habitants du territoire ?

Il faut toujours finir sur un message d’espoir. Dans ce contexte et cette rentrée traversée par de multiples crises et incertitudes au niveau national comme international, je voudrais souligner la capacité de notre territoire à toujours faire face, à anticiper, à continuer d’aller de l’avant, en travaillant collectivement à l’échelle de nos huit communes. Ce travail collectif, c’est notre force depuis la création de la communauté urbaine en 1974. J’espère que nous continuerons longtemps à cultiver cette singularité.