Alexia Barrier, Jules Verne au féminin

Mise à jour le 06/10/2025

Skippeuse en route pour le trophée Jules Verne, Alexia Barrier prouve, aventure après aventure, qu’il ne faut jamais lâcher la barre. Sous peine de passer à côté de l’essentiel : tenter de réaliser ses rêves d’enfant… et y parvenir !

Alexia Barrier
Alexia Barrier - ©Franck Bétermin

Assise sur un ponton au port du Moulin Blanc, Alexia Barrier est d’un calme olympien. Devant elle pourtant, un mur de mer et de records. Dans quelques semaines, elle et son équipage se lanceront pour établir le premier temps de référence féminin en équipage sur le Trophée Jules Verne, à bord du maxi-trimaran océanique Idec-CIC. Baptisé The famous project par Alexia Barrier, ce défi vient confirmer la route de cette navigatrice que rien ne destinait à prendre la mer.

Cocher les cases

Tout commence avec un voilier, quand la famille débarque à Nice et se met à la voile de loisirs : « Je n’avais jamais mis les pieds sur un bateau, mais je me suis tout de suite sentie bien. Je ne voulais jamais lâcher la barre… », rigole-t-elle. La bulle de passion explose à ses 12 ans… Un reportage sur le Vendée Globe lui ravit le coeur : « J’ai décidé qu’un jour je serai skipper sur cette course… Mais je n’ai rien dit aux adultes. J’avais voulu devenir championne de basket, et on m’avait dit que je n’y arriverais pas. Alors, j’ai arrêté le basket. Là, j’ai eu trop peur qu’on me dise la même chose… ».

À 15 ans, Alexia entame ses premières compétitions en dériveur, enchaîne sur des championnats de France. « En Méditerranée, on n’a pas la même culture de la voile, encore moins de la course au large. Mon enjeu, c’était donc d’apprendre des autres, de saisir toutes les opportunités qui se présentaient, pour naviguer au plus haut niveau ».

Dont acte : elle prendra la mer aux côtés de Florence Arthaud puis de Dennis Conner, le pape de l’America’s cup… De là, elle enchaîne les courses les plus prestigieuses, dont une Route du Rhum… pour arriver, en 2020, à ce fameux Vendée Globe. L’irremplaçable pompon du manège. Elle décroche la 24e place !

mini bio

26 novembre 1979 : naissance à Paris

1983 : premières navigations sur le voilier familial, basé à Antibes

2005 : première transat en solitaire, entre La Rochelle et le Brésil

2020 : premier tour du monde en solitaire, pour le Vendée Globe

2022 : lancement de The Famous Project

Novembre 2025 : sur la ligne de départ du Trophée Jules Verne

Alexia Barrier
Alexia Barrier - ©Franck Bétermin

Défier l’impossible

Pourtant, en 2022, elle bifurque et se met en tête de défier l’impossible : passer du monocoque au multicoque, et tenter le trophée Jules Verne. « Ça semblait aussi difficile que d’aller marcher sur la Lune …Mais ce que j’aime dans le haut niveau, ce n’est pas tant la performance que le fait d’apprendre, et de progresser ». Seule, elle travaille son projet, trouve un premier multicoque, apprend, convainc Idec-CIC de lui faire confiance… et l’aventure peut repartir.

Depuis le mois de juin, l’équipage de The famous project, 7 femmes, 6 nationalités, « des daronnes et des petites jeunes », a jeté l’ancre à Brest, pour multiplier les entraînements. Mi-novembre, il sera temps d’appuyer sur le bouton stand-by, dans les starting-blocks pour enquiller sur la meilleure fenêtre météo. Le tout à la barre de cet Idec-CIC au parcours unique : « Il a remporté trois fois la Route du Rhum, battu trois records du Jules Verne ! ».

Une lumière dans le coeur

En route pour le record donc ? « Je ne sais pas. Des marins bien plus expérimentés que nous l’ont tenté, et ont échoué ». Mais le doute n’a pas sa place sur ce pont-là : « On sera les premières navigatrices à boucler un tour du monde en équipage, sans escale et sans assistance, avec donc le premier temps de référence féminin. C’est juste dingo de le dire ! ». Un rêve de mieux à son actif, mais pas que : « Dans tout ce que je fais, je me dis que si avec ça, je peux allumer une petite lumière dans le coeur des gens, pour qu’ils osent se lancer… C’est ça la plus belle victoire, bien plus que la performance sportive ».

Balises

« Brest, c’est un terrain de jeu parfait : abrité pour les premières navigations, et idéal pour aller ensuite plus loin. C’est aussi la ville des grands records à la voile. Être basées ici, ça ne peut que nous apporter des good vibes pour cette préparation au Jules Verne ! »